D'abord, il faut parler de la vue. La vue qui vaut le déplacement. Qui vaut la visite et le prix qu'on paie.

Une vue à 360 degrés sur Montréal, d'où le nom du restaurant : Portus 360.

Portus, c'est la signature d'Helena Loureiro, qu'on a connue au restaurant Portus Calle sur le boulevard Saint-Laurent, et qui est maintenant rendue en haut d'une tour du centre-ville, l'EVO, un immeuble qui a longtemps abrité des hôtels, dont le Hyatt à ses débuts et le Delta avant sa conversion en résidence étudiante.

L'espace occupé par le nouveau restaurant est une salle tournante et entièrement vitrée qui permet en deux heures de voir la ville au complet. L'expérience est franchement saisissante. On avait oublié comme c'était spectaculaire. La décoration a été, bien évidemment, mise à jour. Des banquettes orangées, du carrelage, de la vaisselle aux couleurs ensoleillées du Portugal donnent le ton.

On est loin de l'ambiance d'une brasserie de Lisbonne ou de Porto, mais on n'est plus dans une salle de restaurant anonyme tout en beige et beige. On est dans un restaurant portugais tournant perché dans le ciel de la ville, baigné par la lumière du jour. L'équation est nouvelle.

Au menu, on retrouve le style Loureiro qui a fait sa marque au Portus Calle et au Helena, rue McGill, l'autre table de cette chef de 49 ans venue du Portugal à Montréal en 1988. Poissons et viandes grillés, fruits de mer, salades...

Est-ce maintenant la meilleure table portugaise à Montréal ? Non. Pour ce qui touche strictement le contenu de l'assiette, je dirais même que je gardais un meilleur souvenir de mes repas chez Helena. Mais grâce à la vue et au service, l'expérience est franchement chouette.

Pour manger un peu de tout, nous avons opté pour le menu dégustation à 65 $ par personne proposé par la maison. On nous a apporté cinq plats à partager.

En amuse-bouche, nous avions déjà goûté aux croquettes de morue salée, servies fraîchement sorties de la friteuse, donc bien chaudes, avec une sauce épicée. Déjà, avec un verre de Redoma de l'excellente maison Niepoort, la partie était un peu gagnée.

Est arrivée ensuite une assiette de thon en tataki, servi à la japonaise, avec graines de sésame, une sauce tartare et des algues wakamé. On n'est plus très proche du Portugal avec un tel plat, mais comment ne pas aimer ce qui est devenu un classique du répertoire mondial ?

La salade qui a suivi était franchement décevante, ni belle ni bonne, avec ses morceaux de pomme marinés fanés, alors qu'on n'est pas du tout en saison pour ce fruit et que c'est le temps de bien d'autres crudités. Des fraises ? Oui, on en avait mis en plus, mais elles avaient piètre allure, elles aussi. Malgré les carottes, les jeunes feuilles de roquette, les grains de raisin noir frais, la composition n'arrivait pas à séduire. Comme on dit dans les bulletins scolaires qu'on reçoit par la poste ces jours-ci : aurait pu faire beaucoup mieux.

L'assiette suivante était beaucoup plus portugaise : des tranches de deux sortes de chorizos rouge et noir, grillés et présentés avec des lamelles de concombre, de l'oignon.

La culture traditionnelle ibérique n'est pas habituée à couper le salé et le gras de ses saucisses avec la fraîcheur de légumes d'été, mais l'idée est excellente bien qu'elle nécessite encore du peaufinage. À noter : la moutarde maison, légèrement sucrée, franchement réussie.

J'ai ensuite trouvé le poulpe grillé un peu fade et coriace, mais ce n'était pas l'avis de toute la table. En revanche, il y a eu unanimité au sujet de la morue islandaise, fondante, impeccablement cuite, servie sur une purée de panais, avec chou frisé, une salsa fruitée, des pousses d'herbes vertes, des carottes...

Au dessert, on nous a apporté un assortiment composé de mini pasteis de natas, la riche tarte aux jaunes d'oeufs classique, délicieusement bien faites, de figues séchées farcies au chocolat fondant, une idée franchement délicieuse mais surprenante alors qu'on est en pleine saison de fruits frais. On y trouvait aussi une verrine de natas do ceu, crème du Ciel, une composition un peu façon triffle ou zuppa inglese de miettes de biscuits, blancs d'oeufs, crème aux oeufs... Riche et léger à la fois.

Tout cela était délicieux, mais servi sur une planche avec des fruits en décoration plutôt qu'en plat d'une manière un peu démodée. Dommage, car même les morceaux de fudge étaient réussis.

Bref, bien des éléments sont présents dans ce restaurant pour composer une expérience mémorable. Suffirait de resserrer un peu les présentations, d'éliminer le superflu pour se concentrer sur l'essentiel. De bons produits. Un bel accueil. Une vue extraordinaire.

Portus 360

777, boulevard Robert-Bourassa (anciennement Université)

Montréal, 514 849-2070

www.portus360.com

Prix : entrées : 8 $ à 18 $. Plats : 34 $ à 40 $. Desserts : 10 $.

Vins : Toute la carte est portugaise et les prix commencent à 45 $. À l'image du restaurant, pas trop de modernité audacieuse, des vins assez traditionnels.

Service : Gentil, plutôt efficace, mais on sent que la salle est grande ! 200 couverts...

Aménagement : La décoration a été refaite et on est loin de l'atmosphère beige des restaurants d'hôtel qui ont précédé. Est-ce flamboyant et moderne, minimaliste et épatant façon Canoe à Toronto ? Non. On ne se rappellera pas les banquettes orangées ou le tapis assorti dans l'escalier, mais plutôt la vue de Montréal.

Ambiance : Le restaurant est très grand, on s'y entend parler. Franchement agréable pour une visite avec des touristes et autres adultes posés.

Plus : la vue

Moins : la cuisine pourrait être légèrement plus actuelle et soignée

On y retourne ? Oui, pour la vue, c'est clair.

PHOTO HUGO-SEBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Du poulpe au menu.