Je ne sais pas si je devrais vous en parler. C'est minuscule. Et je n'en dirai que du bien. Vous allez tous vouloir y aller, avec raison. Sauf qu'il n'y aura pas de la place pour tout le monde, c'est certain.

Quelques tabourets. Deux comptoirs. Maintenant qu'il fait beau, il y a aussi des tables sur le trottoir. Mais ce n'est pas une cafétéria d'usine d'autos japonaise. Oh non. On appelle ça un microrestaurant.

Je vous parle de La Famille, rue Gilford près de Saint-Denis, nouveau troquet d'une bande d'adorables lurons, dont, aux fourneaux, les frères Maxime et Jérémy Daniel-Six, le premier connu pour son art du sucré, le deuxième plus salé.

«Tu devrais essayer. Un des chefs, je l'ai reconnu du Chateaubriand», m'a dit l'amie française qui m'a fait découvrir les lieux, en parlant de Jérémy. C'est ainsi que je m'y suis lancée en courant. Le restaurant d'Inaki Aizpitarte et de Laurent Cabut est sur ma courte liste de tables préférées dans le monde entier. Qu'un ancien soit rendu ici avait de quoi intriguer, mystifier, séduire à fond.

On va à La Famille le matin, le midi ou pour le 5 à 7. À 19h, tout ferme. Ce n'est pas coulé dans le béton pour toujours, mais pour le moment, il en est ainsi.

Pas grave. Le brunch du samedi est superbe. Et les repas du midi aussi. Le café de 49th Parallel impeccable. Les vins du genre «importations privées petits producteurs naturels» aussi.

On veut s'abonner.

Au brunch, le menu est copieux. Généreux. Pain perdu aux ananas rôtis, clémentines et crème au citron vert. Granola crunchy. Brioche tout cochon. Sucré ou salé, on se régale.

Adoré, par exemple, la salade mexicaine, tableau multicolore allumé comme le printemps. Avocat, haricots, ananas, poivrons... Les textures crémeuses, croquantes, se frôlent, se complètent. Les saveurs sucrées, salées s'entremêlent. Le bonheur vitaminé tout sauf endormant.

La brioche? Un festival costaud de cochonnailles sans vergogne. Du boudin, en morceaux et en mousse. Des champignons de Paris et portobellos poêlés, du bacon artisanal soyeux et fondant. Le tout sur une brioche maison, car vous ai-je dit que Jérémy boulange?

L'abondance au menu

D'ailleurs, nul besoin de prendre une grande assiette de bûcheron qui a couru 21 km pour le petit-déjeuner. Les viennoiseries abondent, en commençant par un chausson poire-mûre aussi craquant, beurré et feuilleté que décalé - bye-bye, les pommes - qui vaut le détour.

Le midi, le menu reste dans les mêmes zones gourmandes. Tartine au boudin, burger au porc effiloché et à l'aubergine, boudin et choux de Bruxelles...

On a aimé le toast aux champignons et au cheddar, un sandwich ouvert tout simple, où le bonheur est une montagne de champignons de Paris, portobellos et pleurotes sous une montagne de mesclun et une montagne de cheddar fondu. Le tout sur une fondation de pain de campagne grillé. Pour amateurs de délices solides végétariens. Autre option: un plat d'asperges, avec grain de pommes grenades, feta, feuilles variées - mâche, roquette - et vinaigrette à l'orange. C'est sucré, salé, croquant - les asperges sont cuites parfaitement -, crémeux. La sauce aux agrumes juste assez parfumée complète le tableau comme un point d'orgue sur le fromage de brebis. Un bel équilibre dans une création toute simple. Le punch: un émincé d'échalote au gingembre qui donne une petite note orientale. On l'avait déjà goûté, bonheur, dans la salade verte. On en veut encore.

Pour le dessert, on se lance sur les créations sucrées de Jérémy. Cannelé au pastis, financier lime-bleuet, brownie à l'espresso.... On sent un petit lien de parenté avec Olive + Gourmando. D'ailleurs, on y a croisé les propriétaires Dyan et Éric, partis eux aussi se régaler à cette autre bonne petite table de la métropole. Nouveau coup de coeur.

La Famille

418, rue Gilford

514-508-8700

Ouvert de 7h Ă  19h.

Prix: soupe 6$, salade verte 5$, plats de 10 Ă  17$. Viennoiseries de 2,50$ Ă  4,75$. Vins au verre de 6 Ă  10$.

Carte de vins: ici, on ne sert que des vins nature et bios. À moins de 10$ au verre taxes incluses, précise la sommelière Sophie Duchastel, qui travaille notamment avec des produits Cubis (embouteillage alternatif qui réduit les coûts). Mais on ne choisit quand même que des petits producteurs. Pas seulement, mais beaucoup de vins importés par La QV, puisqu' un des membres de cette agence, Cyril Kérébel, fait aussi partie de La Famille.

Style: cuisine ouverte, tuiles blanches sur les murs, tabourets, comptoir de bois. Hyper convivial. Présentation des plats très soignée.

(+) Une cuisine particulièrement savoureuse dans un tout petit lieu sans prétention, à prix très raisonnables, avec du bon vin.

(-) C'est vraiment minuscule. Surtout quand il pleut ou qu'il fait froid et qu'on ne peut pas manger sur la terrasse.

On y retourne? Oui. Tout de suite.