Qu'un restaurant affiche déjà complet quelques semaines après son ouverture, un samedi soir, sans pouvoir compter sur la renommée de l'un de ses chefs ni sur une campagne de publicité, mais seulement sur le bouche à oreille des gens du quartier, c'est généralement bon signe.

Le Santa Barbara ne figurera pas dans la liste des contre-exemples: ce nouveau restaurant a tout ce qu'il faut pour créer rapidement une vaste cohorte de fidèles, qui y retourneront religieusement.

Le populaire restaurant Ellefsen aura donc de la compétition au cours des prochains mois avec l'ouverture, à deux pas de chez lui, de ce nouveau restaurant, lancé par trois amis après trois ans de réflexion et de rencontres hebdomadaires au café Olympico pour peaufiner le projet et en définir les moindres détails, à commencer par le menu flexitarien.

«Nous voulions faire l'inverse des autres: au lieu d'offrir une ou deux options végétariennes dans un grand menu carnivore, nous ne préparons plutôt qu'un ou deux plats avec de la viande chaque soir», explique le chef Markus Dressel, formé sur la côte Ouest, en Allemagne et à Montréal.

Le menu changera quatre fois par année, avec le passage des saisons, histoire de toujours faire honneur aux légumes du moment - idéalement biologiques, mais pas toujours locaux: on mise d'abord sur le Canada, puis sur l'Amérique du Nord, en essayant de fuir l'Europe.

Cet automne, en entrée, on trouvait une excellente salade de kale aux graines de citrouille, avocat et champignons shiitake (un peu rares dans l'assiette), un mezze de fèves blanches et un beignet de poireau tout léger.

Les prix sont très raisonnables (de 3$ à 21$ pour l'option la plus chère, avec viande) et les assiettes dépareillées (on adore!), bien remplies.

Les plats principaux sont bien équilibrés, l'assiette de légumes rôtis et fromage de chèvre, sur riz brun bio, offre une belle variété. On n'a pas eu la main trop lourde avec l'huile d'olive, pas plus que dans le gratin de courge au gruyère, un plat parfois très lourd, mais savouré ici sans craindre la crise de foie.

Le carnivore du groupe a trouvé réconfort dans l'agneau et sa sauce à la grenade, produit-vedette de la saison.

Le moelleux au chocolat est cuit sur demande, et ça paraît, puisqu'il est parfaitement coulant dans l'assiette. Le piment jalapeno confit ne fait que chatouiller les papilles.

Côté vins, la liste est courte, mais la sélection de cocktails, avec ou sans alcool, est originale.

Pas de doute, Santa Barbara aura beaucoup de fidèles - et cela n'aura rien à voir avec le fait que les prières adressées à cette martyre auraient un effet protecteur contre la foudre.

Santa Barbara, 436, rue Saint-Zotique E., ouvert du mardi au samedi de 17 h à 23 h. 514-273-4555.