Il n'y a pas beaucoup de restaurants indonésiens à Montréal. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on connaît peu cette cuisine pourtant ensoleillée et remplie de parfums jamais banals, en commençant par ceux du sambal, condiment pimenté.

La première fois que j'ai vu une recette de laksa dans un livre de cuisine de l'Australienne Donna Hay, j'ai dû me réfugier sur Google pour comprendre ce dont on parlait. Pourtant, en Australie, cette soupe aux nouilles est le type de plat aussi courant dans les maisons que le spaghetti sauce bolognaise ou le «chow mein» le sont ici.

À Montréal, la référence indonésienne est depuis toujours le restaurant Nonya, rue Bernard, dans le Mile End, qui propose une version raffinée de cette cuisine insulaire, mais riche des influences de toute l'Asie du Sud-Est.

Vient toutefois d'ouvrir un autre établissement qui a choisi de prendre ce chemin asiatique: Gado Gado, rue MacKay, en plein centre-ville.

Je vous le dis tout de suite, il n'y a pas de terrasse, contrairement aux autres établissements estivaux dont je vous ai parlé au cours des dernières semaines.

Mais Gado Gado est le genre de restaurant qui nous donne un peu l'impression de voyager, évasion facile pour ceux qui passent l'été en ville plutôt que sur les plages de Bali, Java ou Sumatra...

Tous les plats ne sont pas aussi allumés les uns que les autres chez Gado Gado, mais les dumplings au poulet - appelés pangsit goreng - valent presque à eux seuls le déplacement. Pour la surprise, surtout, de mordre dans ces petites enveloppes de pâte qui explosent en bouche, remplies des parfums acidulés des feuilles de lime kéfir.

Un autre incontournable: les satay, des petites brochettes de poulet mariné, servies avec une sauce aux arachides. Viande tendre, saveurs multiples de coco et de chilis qui se conjuguent. On aime cette «cuisine rapide» du Sud qui se laisse manger toute seule. Les buns au porc braisé bakpao gapit? Bonheur là aussi, version moelleux et relevé. Si vous êtes accro à ces minisandwichs asiatiques depuis une visite chez Momofuku à New York, voilà donc un lieu où vous réfugier.

La salade gado gado, mélange improbable de haricots, de pommes de terre, de courge, d'oeuf et même de quelques morceaux de tempeh, est quant à elle enrobée dans une sauce aux arachides qui pourrait être un peu plus abondante et aromatique. Le tout est servi avec une immense croustille à la crevette.

En plat principal, nous nous sommes tournés vers le rendang daging, boeuf braisé à la Sumatra, bien assaisonné et doucement cuit, qui fondait donc en bouche. Dommage d'en servir si peu dans une assiette au riz blanc endormant.

Et le bakmie goreng, ce plat de nouilles avec légumes, poulet et crevettes? Savoureux, mais on aimerait plus de folie. Il manque cet effort extra, cette bouffée de saveurs, de contrastes de textures, qui fait qu'on a constamment envie de retourner, par exemple, chez les Satay Brothers du marché Atwater, qui cuisinent dans les mêmes saveurs.

Restaurant Gado Gado

1242 rue MacKay

Montréal

514 419 7739

www.gadogado.ca

Prix : entrées entre 4 $ et 7 $, plats principaux entre 11 $ et 15 $.

Carte de vins : quelques bouteilles de vin, quelques bières - Tsing Tao, Sapporo - quelques sakés, quelques cocktails.

Décor : Minimaliste, des tables, des chaises, un comptoir. Pas d'effort spécial pour aménager les lieux, mais pas de faux pas non plus.

Atmosphère : le lieu est fréquenté par des étudiants du centre-ville, ce qui fait de cet établissement un des rendez-vous, à peine excentré, du nouveau quartier asiatique autour de l'université Concordia.

Plus : Quelques plats indonésiens bien réussis, notamment les dumplings pangsit goreng et les mini-buns bakpao gapit.

Moins : On aimerait que les plats aillent plus loin, soient plus généreux, autant côté quantité que côté saveurs.

On y retourne ? Oui, pour certains plats spécifiques.