Ce ne sont pas les adresses où manger du poulet grillé portugais qui manquent à Montréal. Mais jamaïcain? Voilà de quoi piquer notre curiosité! Sur le pas de la porte, on a tout de même un doute. Le nom n'annonce rien d'antillais. La décoration et son - fort joli - bar en chêne rouge, vestige d'une ferme québécoise centenaire non plus. Le chef propriétaire a un fort accent québécois.
Dans l'assiette? C'est une autre histoire. Le chef est né ici, mais il a fait appel à sa grand-mère et tout ce qu'il avait de tantes, de grandes tantes et de cousines en Jamaïque, réclamant gentiment leurs recettes secrètes. Il a testé. Mélangé. Adapté. On a testé. Et beaucoup aimé. Le poulet jamaïcain - cuit à la jerk -, mariné de longues heures dans un mélange d'épices parfois explosif a souvent la réputation d'être un meurtrier de papilles. Pas ici. L'assaisonnement est bien équilibré, avec juste ce qu'il faut de piment, de clou de girofle, de muscade et de tous ces autres ingrédients gardés «top secret» (on ne trahirait pas les confidences d'une aïeule, tout de même!). Cuite à feu très doux sur charbon de bois, la volaille est étonnamment juteuse, peu grasse et peu salée.
En plus, c'est copieux et fort abordable (8,49$ pour un quart de poulet avec riz, plantain frit, soupe maison et petite salade en entrée). Le menu affiche aussi des salades et des sandwichs au poulet, du poisson à la jerk et un bon ragoût de chèvre et pommes de terre. Pour clore le repas, on opte pour un bon café: le proprio, après tout, est aussi importateur de café depuis 10 ans et offre une belle sélection. On s'éternise un peu. Cela a sans doute à voir avec le fait que le chef est travailleur social de formation: le café n'est ouvert que depuis trois mois, mais on y entre dès la première fois comme chez un vieil ami particulièrement doué pour faire oublier les soucis de la journée.