Tavern on the Green, restaurant légendaire de Central Park qui a vu défiler touristes et célébrités pendant 75 ans, ferme ses portes vendredi, pour cause de faillite, et son décor luxuriant fait de miroirs, chandeliers et lustres sera vendu aux enchères en janvier.

Le bâtiment, qui était à l'origine une bergerie pour quelque 200 moutons qui broutaient à Central Park, avait été transformé en restaurant en 1934.

 

La «taverne» avait été reprise dans les années 70 par Warner LeRoy, le fils du producteur du célèbre film Le magicien d'Oz, un millionnaire extravagant qui avait dépensé 10 millions de dollars pour transformer les lieux en palais ruisselant d'or et de cristal.

À 11h25, et par un froid glacial, une centaine de personnes faisaient déjà la queue hier, cinq minutes avant l'une des dernières ouvertures de l'établissement situé à l'ouest de Central Park, dans la 67e Rue.

Familles entières avec enfants et grands-parents, touristes asiatiques, européens ou américains: des centaines de clients parcouraient les couloirs ornés de miroirs, de sculptures en bois doré et de vitraux multicolores, s'extasiaient devant les photos et s'installaient dans le salon de cristal, ou dans d'autres salles de ce restaurant de 2700 m2.

«Nous avons 830 réservations pour midi aujourd'hui, et environ 1300 pour ce soir», précise l'hôtesse d'accueil Carly Martinez, une des 550 employés de l'établissement. Et pour le réveillon du Nouvel An, tout est complet, à 126$ par personne, boissons, taxes et service non compris.

En dépit du succès constant du lieu, où se tiennent aussi cérémonies de remises de prix, conférences de presse et soirées VIP, Tavern on the Green est en faillite.

La directrice générale Jennifer Oz LeRoy, la fille de Warner LeRoy, a décidé récemment de déposer le bilan de ce restaurant criblé de dettes dont la Ville de New York n'a pas renouvelé le bail, qui arrive à échéance le 1er janvier.

«Ce n'est pas parce qu'un restaurant ne désemplit pas qu'il n'est pas endetté», a déclaré à l'AFP le directeur de l'exploitation Michael Desiderio. «La crise est là, et même avec 39 millions de dollars de recettes par an, nous ne réussissons plus à faire face; les coûts d'entretien de ce bâtiment et de sa décoration explosent», souligne-t-il.

Conséquence de la faillite, tout sera vendu aux enchères du 13 au 15 janvier. «Environ 700 lots vont être proposés les deux premiers jours, comme des tables complètement dressées, avec nappe, assiettes, couverts, verres, carafes», explique Arlan Ettinger, commissaire priseur chez Guernsey's.

Le troisième jour s'adressera aux professionnels. «Il y a une cinquantaine de cartons contenant chacun une douzaine de nappes venues d'Italie, nous aurons 400 ou 500 lots le dernier jour, mais ce sont de gros lots», ajoute Arlan Ettinger.

Parmi les pièces en vente, le piano sur lequel a joué John Lennon, qui habitait tout près et fêtait souvent son anniversaire à la «taverne», et quelque 70 immenses lustres en cristal, dont certains en baccarat du XIXe siècle. «Un acheteur m'a appelé hier du Moyen-Orient, il est intéressé par cinq lustres», assure le marchand.

Après la fermeture, l'avenir de l'enseigne n'est pas encore scellé. Jennifer Oz LeRoy détient l'appellation Tavern on the Green. La licence, elle, pourrait être reprise par le propriétaire du Central Park Boathouse, mais rien n'est encore signé.