Celui-là, on ne sait pas si on doit l'appeler par son nom officieux, le café des Cubains comme on dit dans le coin, ou le Dos Leches (les deux laits?) comme il est inscrit sur la vitrine principale. On ne sait pas non plus s'il est tenu par des Cubains: la jeune et très gentille serveuse est colombienne, et le reste de la brigade semblent être d'un peu partout en Amérique latine. Ce qui n'est pas plus mal.

En tout cas, dans ce petit café de quartier, ouvert toute la journée sans interruption; on peut traîner avec son ordinateur (c'est ce que font plusieurs clients), ses potes, un livre ou des journaux, un jeu d'échecs et même une voisine en attendant la fin de son lavage dans une buanderie voisine. C'est que nous sommes dans un quartier résidentiel - entendez: des gens vivent ici. Et on le sent dès qu'on s'installe, il y a une ambiance de copinage tout à fait charmante et sympathique. Selon la combinaison d'individus, de climat, de degré d'ensoleillement, ça donne souvent des moments d'intenses émotions. Qui a dit que c'était disparu de notre ville? Ce café pourrait être un lieu de rendez-vous de latinos, il pourrait y régner un doux désordre où fusent la salsa et les cris d'enfants. Or, c'est tout le contraire qu'on éprouve ici, c'est calme, la musique est bien choisie (on s'y attendait) et c'est plutôt bon.

 

De jour, on vous nourrit avec des grillades accompagnées de riz et de haricots, parfois de salade, ou encore de plats de viande dont le choix varie de jour en jour; c'est votre choix pour un modeste 9$. Il y a des petites douceurs pour accompagner le café (délicieux et bien corsé, façon cubaine) et vous sortez de là avec un sourire, content d'avoir trouvé l'un de ces cafés qui n'ont pas cédé à la tentation de la franchise, de la mauvaise qualité ou des décors bidon, crées en série quelque part à Seattle par une équipe de designers industriels. Ici, l'ère des vieux cafés vaguement hippies a de belles années devant elle.

 

Café Cubano

168, rue Beaubien Est 514-658-1464

- On y retourne? Oui, si le système de chauffage est ajusté... à la hausse. Quand il y a du monde, c'est un peu lent.

-L'accueil. On ne dit pas ça souvent dans ces pages, mais quand on est reçu dans un établissement modeste, avec un sourire jusque-là, et ce, malgré la récession, la tempête, le froid, un incendie majeur tout à côté, que cela serve de leçon à tous les lieux de divertissement où vous êtes reçu comme un intrus ou pire, avec indifférence.