Il faisait froid. Une tonne de neige venait de tomber sur Montréal et rendait la circulation à peu près aussi simple que le parcours de Michel Strogoff jusqu'en Sibérie. Et Noël apportait dans son sillon toutes sortes de tracas prêts à être arrondis par une gorgée de vodka...

C'est ainsi que j'ai abouti à La Caverne, sur le chemin de la Côte-des-Neiges, un restaurant russe recommandé par deux russophones adorables qui m'avaient promis que j'y trouverais de quoi nourrir mes explorations gustatives des cultures nordiques.

 

Et effectivement, j'ai été comblée.

Installé dans un demi-sous-sol, tout près du chemin Queen-Mary, La Caverne est un lieu de retrouvailles pour la communauté russe montréalaise et on le sent dès qu'on y met le pied. Le proprio est là, discute en russe avec des copains. Des convives arrivent et saluent tout le monde. Parfois en russe. Parfois en français ou en anglais.

L'atmosphère est très conviviale.

À une table, un jeune Russe a invité tout un groupe de copains à partager sa table. On dirait des étudiants d'origines diverses, venus de l'Université de Montréal, juste à côté. Un peu plus loin, un groupe de jeunes Russes discutent entre eux sans sourire trop souvent, les cheveux en mohawk et le maquillage lourd.

On est lundi soir et on dirait que la fête est sur le point de lever. Imaginez les vendredis et les samedis, quand on y fait de la musique et que ça chante !

Au menu, les plats sont costauds et savoureux.

Le borscht, la typique soupe au chou et à la betterave qui lui donne une jolie teinte rose, réchauffe et calme l'appétit, surtout quand on y trempe un peu de pain noir légèrement beurré. On l'aurait pris avec un petit peu plus de crème sure, mais peu importe, il en reste dans le petit pot qu'on nous a donné avec les blinis.

Crêpes légèrement sucrées servies farcies avec de la viande ou un mélange de pommes de terre et de champignons, ces classiques russes sont en effet servis avec de la crème sure et une sauce rouge épicée, à base de tomates et de piment vert. On dirait de la salsa venue du pays de Tolstoï. Tous ces ingrédients combinés, la crêpe molle, la viande, la crème, la sauce, font qu'à chaque bouchée une complexité de textures et de saveurs nous invite à recommencer.

Le menu - écrit en français, en anglais et en russe - nous apprend qu'un des plats typiques d'un repas russe est la salade. Salade verte avec vinaigrette, salade de hareng et betterave, salade de carottes... Sur le menu, elles sont présentées selon leurs couleurs. Celle aux carottes est donc la salade orange, fraîche et bien vinaigrée. La salade au hareng est rose et crémeuse et réunit le goût salé du poisson mariné et la douceur teintée d'amertume de la betterave, le tout lié par un peu de crème. La salade grise, quant à elle, est une salade de champignons marinés bien salée et très parfumée par d'exquises épices mystérieuses qui ont probablement quelque chose à voir avec le carvi ou les grains de coriandre.

En plat principal, nous avons essayé le golubtsi, des feuilles de chou farcies à la viande et au riz, qui se sont avérées un peu décevantes, probablement parce que les feuilles de chou étaient amplement trop cuites, voire molasses. En revanche, les manty, de gros raviolis farcis au boeuf et à la citrouille et cuits à la vapeur, que l'on déguste encore et toujours avec de la crème sure et de la sauce rouge, étaient savoureux et dodus.

Les amateurs de dumplings de la tablée ont aussi été ravis par les pelmeni, de gros raviolis farcis au boeuf et au porc, assaisonnés d'un peu d'ail et d'oignon, de persil et de poivre, qui se commandent par assiette de 15, 20 ou 25, selon qu'on est affamé ou pas.

On aurait pu aussi choisir le poulet à la Kiev, les vareniki (pelmeni version ukrainienne), un bol d'okroshka (une soupe froide)... Il faudra y retourner. Et alors on commandera aussi les blinis aux cerises pour le dessert, avec extra crème sure, parce que le gâteau au miel, lui, était un peu sec.

 

La Caverne

5184A, chemin de la Côte-des-Neiges, Montréal, 514-738-6555 www.pogrebok.da.ru

> Prix : évidemment, tout dépend de la quantité de vodka que l'on finit par boire, mais pour la nourriture, on s'en sort facilement pour une vingtaine de dollars par personne. Tous les prix sont sur le menu que l'on peut lire sur le site web. www.pogrebok.da.ru

> Carte des vins : il y a du vin de la maison mais la carte tourne surtout autour de la vodka, dont on propose plusieurs marques, servies en différents formats. On peut aussi prendre de la Boréale en fût ou de la bière russe, quand il y en a.

> Genre : restaurant russe familial très relax qui vire à la fête les vendredis et samedis soirs.

> Décor : fausses pierres sur les murs, animaux empaillés - incluant une tête d'ours et une autre d'orignal - et peaux sur les murs, tables de bois et chaises bistro.

> Service : pas immensément souriant mais très gentil et étonnamment efficace : le soir où nous y sommes passés, il n'y avait qu'une seule personne au service.

" L'impression d'être ailleurs qu'à Montréal.

- Il n'y avait plus de bière russe quand nous y sommes allés...

On y retourne ? Oui, un vendredi ou un samedi, pour la musique !