S'imaginer accoudé à un bar, vider sa bouteille de soda et puis... la manger. Depuis des mois à Paris, un designer et des scientifiques sont en quête de la matière et de la forme parfaites, et comptent bien présenter leur premier flacon mangeable d'ici un an.

L'idée de «s'inspirer d'une cellule biologique pour transporter de l'eau» a germé dans l'esprit de David Edwards, professeur de génie biomédical à l'université d'Harvard et fondateur du Laboratoire, lieu atypique à Paris qui allie recherche scientifique et design.

Et c'est au designer français François Azambourg qu'il a demandé d'imaginer cette «bouteille mangeable», qui fait l'objet d'une exposition du 24 septembre au 30 janvier au Laboratoire.

«Je l'ai regardé, j'ai trouvé la question étrange et tout à fait passionnante», racontait ce dernier lors de la présentation du projet jeudi à la presse. Après réflexion, il a réalisé que «dans la nature, il y a déjà des choses qui existent, comme le grain de raisin».

Depuis des mois, spécialistes de biochimie cellulaire ou de physique-chimie des matériaux cherchent à reproduire la logique du fruit, alternative de demain à «la bouteille en plastique qui consomme du pétrole, n'est pas forcément recyclable, et est polluante», explique le désigner.

Et David Edwards en est convaincu: «Dans un an, on commandera un coca light contenu dans une membrane caramélisée, et on la fabriquera devant vous».

Pour l'heure, la bouteille n'est pas encore aboutie. Fabriquée à base d'alginate (algues brunes), elle ressemble à une grosse figue molle. On croque le sommet, siffle son contenu --de préférence avec une paille--, et on mange le contenant. En l'occurence, le prototype proposé est une bouteille aromatisé au chocolat, avec à l'intérieur du jus de fraise.

La «bouteille mangeable» sera beaucoup plus rigide et vraiment étanche, promettent ses créateurs, qui ne veulent pas trop en dire pour des raisons de secret industriel.