L'un des fromages fins québécois les plus populaires de la province, Le Riopelle de l'Isle, aura un petit frère baptisé en l'honneur d'un autre peintre habitué des lieux.

La Fromagerie de l'Île-aux-Grues espère conquérir le coeur des gastronomes avec une pâte molle qu'elle qualifie de « sauvage » et de « sans compromis » : La Bête-à-Séguin, du nom du peintre Marc Séguin. Celui-ci est copropriétaire de l'île aux Oies, reliée par les battures à l'île aux Grues.

L'entreprise modifiera complètement son offre à l'automne en ajoutant six nouveaux fromages à sa gamme, dont ce porte-étendard. Elle diminuera la production de son traditionnel cheddar, coincé dans un marché saturé par les industriels.

« On veut se déplacer vers notre marché qui est le plus porteur : le marché des fromages fins, qu'on a toujours abordé avec un positionnement haut de gamme, a indiqué Daniel Leduc, directeur général de la fromagerie. On va plus loin dans le fromage fin. »

« Près de l'animal »

Dans le cas de La Bête-à-Séguin, l'entreprise a travaillé avec des experts européens pour créer un fromage « près de l'animal », s'est réjoui le peintre en entrevue, attablé devant une grosse meule du fromage qui porte son nom et des tranches de pain rôti. « On sent le pis de la vache. »

« C'est un fromage très haut de gamme, un fromage non consensuel, 100 % authentique, un fromage qui a du caractère. C'est goûteux. » 

- Daniel Leduc, directeur général de la Fromagerie de l'Île-aux-Grues

Le brie de Meaux et le brie de Melun ont servi d'inspiration, « mais ce n'est pas la copie de la copie », jure-t-il. Il devrait être mis en vente dans les prochaines semaines.

La fromagerie avait surtout fait les manchettes dans les deux dernières années pour la pénurie de lait qui l'affligeait. Mais la baisse de production du cheddar et l'arrivée de nouveaux quotas de lait pour les producteurs laitiers de l'île devraient permettre de fournir le lait nécessaire à ces nouveaux projets, estime le directeur général.

Le goût de l'île

La fromagerie attribue le goût de ses fromages au foin qui pousse dans l'île, baignée par l'eau saumâtre du fleuve et battue par ses vents. « On est l'un des rares endroits au Canada où on fabrique nos fromages toujours avec le même lait qui vient toujours des mêmes animaux », a expliqué M. Leduc, qui évalue à 200 le nombre de vaches qui produisent du lait dans l'île. Celui-ci est thermisé - plutôt que pasteurisé - avant de finir en meules ou en blocs.

Comme pour Le Riopelle de l'Isle, dont une partie des revenus finance les études postsecondaires des jeunes insulaires, La Bête-à-Séguin financera des résidences d'artistes dans l'archipel, a indiqué Marc Séguin.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

La Fromagerie de l'Île-aux-Grues attribue le goût de ses fromages au foin qui pousse dans l'île, baignée par l'eau saumâtre du fleuve et battue par ses vents.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

« On est l'un des rares endroits au Canada où on fabrique nos fromages toujours avec le même lait qui vient toujours des mêmes animaux », soutient Daniel Leduc, directeur général de la Fromagerie de l'Île-aux-Grues.