Puce électronique, polyéthylène caméléon, bioplastique antibactérien... Des dispositifs intégrés aux emballages pourraient donner de l'information  sur la fraîcheur des aliments que nous achetons. Les verra-t-on bientôt au supermarché?

Une barrière contre l'oxygène

La fonction première d'un emballage alimentaire est de protéger l'aliment et d'en conserver la fraîcheur, en lui évitant notamment d'être en contact avec l'air ambiant. «L'oxygène est l'un des gaz qui contribuent à la prolifération des bactéries, à l'oxydation de certains nutriments et à la détérioration des aliments. Si on réduit l'accès à l'oxygène dans les produits emballés, on va améliorer leur durée de vie», résume Abdellah Ajji, professeur de chimie à Polytechnique Montréal et titulaire de la Chaire de recherche industrielle CRSNG-Prolamina sur les emballages sécuritaires, intelligents et durables.

Emballages «intelligents»?

Les pièges à oxygène sous forme de sachets (qu'on retrouve entre autres dans les pots de vitamines) existent depuis longtemps. Un matériau capable d'absorber l'oxygène ajouté au polyéthylène pourrait être commercialisé à grande échelle dans le futur. La prochaine génération d'emballages alimentaires dits «actifs», «interactifs» ou  intelligents» visera à récolter et à donner au client une information claire sur la salubrité de certains aliments placés sur les étalages des épiceries - viande, poisson et produits laitiers, par exemple. Ce qui risque fort d'envoyer à la retraite l'indicateur utilisé actuellement: la date de péremption. L'ajout d'un matériau aux propriétés antibactériennes pourrait quant à lui contribuer à éviter des intoxications alimentaires. Des chercheuses de Polytechnique travaillent d'ailleurs en ce sens avec le chitosan, matière produite avec des carapaces de crustacés.

Puce électronique, polyéthylène coloré...

La raison d'être d'un emballage dit intelligent est la communication. «C'est la différence avec les autres emballages», dit Abdellah Ajji, évoquant notamment des produits qui pourraient mesurer le niveau de bactéries ou la présence de gaz associés à la détérioration d'un aliment (oxygène, CO2, éthylène, etc.). Des entreprises mettent au point (ou utilisent déjà) des étiquettes munies de puces électroniques capables de mesurer la température et de détecter un éventuel bris dans la chaîne du froid. L'information au sujet de la salubrité de l'aliment pourrait être transmise «soit par un changement de couleur de l'emballage, soit par un scanner», indique le professeur de chimie.

Dans une épicerie près de chez nous?

Combien de temps faudra-t-il attendre pour voir ces emballages dans nos épiceries? Mystère. Abdellah Ajji estime que les principaux défis techniques pourraient être surmontés d'ici cinq ans. Après, il restera la question du coût. Et de la confiance. «Il faut que la fiabilité [de ces technologies] soit incontestable», dit-il. Un emballage intelligent pas tout à fait au point pourrait inciter les gens à jeter des produits encore bons, et ainsi entraîner des pertes inutiles, ou bien à garder sur les rayons des aliments devenus impropres à la consommation. «Il y a encore des réticences chez les distributeurs ou des gens en magasin», ajoute le spécialiste.