Entre desserts gourmands, légumes alléchants et chefs tout sourire, la Foire du livre de Francfort met en avant les ouvrages de cuisine, une valeur toujours sûre de l'édition qui gagne les pays pays du monde entier.

«Il y a vingt ans, les livres de cuisine étaient cachés et juste pour les spécialistes», mais maintenant «les gens ont besoin de réconfort dans un monde traversé de crises et les livres de cuisine sont une manière d'être contents, de rêver, de voyager», explique Edouard Cointreau, spécialiste du secteur et président des Gourmand World Cookbook Awards.

Cette année à Francfort, plus grand rendez-vous mondial de l'édition qui se termine dimanche, un espace agrandi, baptisé Gourmet Gallery, est réservé exclusivement à la cuisine: s'y côtoient recueils culinaires du monde entier, qu'il s'agisse des spécialités russes, des recettes indonésiennes, des secrets du chef Alain Ducasse, ou encore d'ouvrages sur la cuisine de Gaza, à côté de manuels gastronomiques d'Israël.

Engouement en Iran 

L'engouement pour les livres de recettes se retrouve maintenant presque dans tous les pays. En Iran notamment. «Il y a cinq ans, ce n'était pas comme ça, mais maintenant, c'est devenu populaire d'avoir des livres de cuisine», explique la chef Samira Janatdoust, venue présenter ses livres, malgré la décision de Téhéran de boycotter cette année le salon de Francfort, en raison de la venue pour l'ouverture de l'écrivain britannique Salman Rushdie.

Difficile du coup de se démarquer dans un marché encombré. L'artiste de Barcelone Sofia Piqueras propose elle de faire des pièces uniques, qu'elle décore individuellement avec des napperons faits main, des couleurs réalisées au moyen d'épices ou des herbes aromatiques.

«Il y a définitivement des tendances qui deviennent évidentes partout dans le monde», indique Pixie Shields, directrice des cessions de droits internationaux de Marabout (Hachette Livre) un des poids lourds du secteur.

Les livres de cuisine saine, végétarienne, végane, etc. ont ainsi le vent en poupe. Marabout compte parmi ses livres plébiscités celui sur les smoothies ou encore celui de recettes autour du chou frisé.

Les gens recherchent aussi des beaux livres à exposer dans leur cuisine et à feuilleter occasionnellement et ils en achètent de nouveau au fur et à mesure que leur esthétique évolue, explique Mme Shields, comparant cela «à un beau magazine de mode». Mais «statistiquement, vous cuisinez deux ou trois recettes du livre», reconnaît-elle.

Parmi les autres tendances, Edouard Cointreau relève celle des ouvrages à thématique de plus en plus spécifiques (tel type de pâtisserie, de cuisson et de spécialités régionales), les livres pour initier les enfants à la cuisine, mais aussi les livres autoédités.

Stagnation du marché en France 

Essentiellement stimulé par la télévision et les sites internet, le marché du livre de cuisine, toujours très focalisé sur le papier et comptant peu de versions électroniques, progresse de 3% à 5% par an, selon le spécialiste, qui l'estime à quelque six milliards de dollars.

Mais cela ne se fait toutefois pas sans hauts et bas en fonction des pays.

En France, la sauce prend ainsi un peu moins qu'avant. Selon le magazine spécialisé Livres Hebdo, avec 1760 nouveaux livres ou nouvelles éditions en 2014, la production d'ouvrages consacrés à la cuisine a stagné, alors qu'entre 2006 et 2012, chaque année voyait plus de livres arriver sur le marché.

En Allemagne, les livres de cuisine représentent les plus grosses ventes des livres dits «de conseil». Leur part dans le chiffre d'affaires de ce segment a aussi stagné depuis deux ans, à 28%, alors qu'elle n'avait cessé de progresser les années précédentes.