Personne n'entre au café Soucoupe par hasard. Il n'est pas sur le chemin du métro, il n'est pas dans une jolie artère commerciale, ni même dans un quartier où l'on aime particulièrement bambocher. Il est même un peu difficile à voir, légèrement en retrait du trottoir, dans son petit nid carré d'un seul niveau, blanc et banal.

Bref, quand il a ouvert ses portes en mars dernier, plusieurs ont sans doute parié que sa propriétaire ne tiendrait pas trois mois avant de mettre la clé sous la porte. C'était sans compter l'attrait de toutes les bonnes choses qu'on y proposerait, la gentillesse des baristas, le charme de l'endroit qui, du coup, ne désemplit pas depuis.

Violaine Gauvreau a créé dans la rue Fabre, près de la rue Bélanger, l'agréable café qui manquait dans le secteur, celui où l'on vient chercher un excellent cappuccino préparé avec le café de la maison de torréfaction montréalaise Saint-Henri et le lait du projet Run de lait de la Société-Orignal (plus gras, sans additifs), servi dans une jolie tasse d'époque. Ça change des autres établissements du coin, où il faut partager sa tranquillité avec les joueurs des machines de loterie vidéo et où l'on ignore encore l'existence d'une troisième vague du café.

UN POINT DE CHUTE POUR LES GENS DU QUARTIER

Mère de trois enfants, Violaine Gauvreau voulait donner au quartier le point de chute où les familles, les travailleurs autonomes comme les retraités pourraient trouver leur compte. « J'ai habité longtemps en face d'un café, où j'allais tous les jours et où je me suis même fait des amis », dit-elle pour expliquer l'ambiance qu'elle a voulu recréer chez Soucoupe. Pendant toutes ces années, d'ailleurs, elle ne s'est jamais fait ne serait-ce qu'un seul café, et ce n'est qu'en emménageant dans le quartier qu'elle s'y est mis à la maison. Préparant sans le savoir sa nouvelle carrière.

Après avoir travaillé longtemps dans la fabrication de décors de cinéma, la propriétaire a aussi voulu ajouter une dimension artistique au local, qui fait figure de mini-galerie d'art où sont exposées les toiles d'un artiste différent tous les deux mois.

Dans l'assiette, on retrouve les viennoiseries de la boulangerie Guillaume et, les vendredis et samedis, les beignes extravagants de Saint Donut. Violaine Gauvreau s'est faite spécialiste des macarons au thé matcha et de tous ces petits plats simples, qui, bien exécutés, font la différence entre le café de quartier où l'on ne fait que passer et celui où l'on revient: gâteau Reine-Élisabeth, chili, soupes et sandwichs végétariens avec houmous ou végépâté maison. La qualité de vie du quartier vient de gagner quelques points.

6910, rue Fabre, Montréal