Que l'on aime ou non les joies de l'hiver, il arrive presque toujours un temps pendant la saison froide où l'on se surprend à vouloir troquer ses bottes pour des sandales, les températures glaciales pour une petite canicule et les tempêtes de neige pour un soleil de plomb. Mais parce qu'on ne peut pas tous s'offrir un billet pour le Sud, il est bon de savoir où aller pour voyager d'un coup de fourchette à Montréal.

Et cela, on peut facilement le faire à La marmite su'l feu!, traiteur tenu par un couple originaire de La Réunion, dans l'océan Indien, installé au Québec depuis huit ans, et dont les petits plats nous transportent illico au coeur de son île chérie.

Jackie et Frédéric Chamand ont tenu pendant 25 ans un restaurant dans le département français situé au large des côtes de l'Afrique avant d'emménager au Québec, mus par la volonté de changer de vie. «Nous voulions, ici, une formule plus décontractée, offrir une authentique cuisine réunionnaise maison», explique Jackie Chamand.

La carte contient donc une foule de ces petites bouchées que l'on aime tant grignoter à l'apéro à La Réunion, semble-t-il: des samossas, des piments farcis et surtout des «bouchons», semblables à de petits raviolis chinois parfumés de combava, un citron vert typique de la région qui apporte une belle fraîcheur à la farce au porc (ils sont d'ailleurs vendus congelés pour les apéros improvisés à la maison). «La cuisine réunionnaise est à l'image de son histoire et de son peuple: très métissée. Nous avons des influences chinoises, arabes, hindoues, françaises...», relève à ce propos Jackie Chamand.

Les plats de résistance se construisent tous de la même manière: un généreux lit de riz blanc, surmonté de «grains» (c'est-à-dire de lentilles, de haricots ou d'autres légumineuses cuites dans un bouillon parfumé), d'un cari qui ne contient pas de curry, mais son lot d'épices (le massalé, un mélange composé notamment de cumin, de fenugrec, de coriandre, etc.) et accompagné enfin de rougail, une salade assez relevée à base de tomate et de concombre.

Le cari peut être fait de poisson ou de viande, mijoté longuement dans de petites casseroles de métal. L'un des plus classiques est fait de morue séchée, de tomate et de poivrons, dont nous nous sommes régalés: ni trop piquant ni trop salé. D'autres sont à base de chèvre, de lapin, de porc ou de saucisses. La viande du cari de boeuf que nous avons goûté était fondante, dans une sauce à la tomate délicieusement sucrée.

Les portions sont copieuses, et même un Jules à l'appétit d'ogre en a laissé pour le lendemain. Les plus voraces d'entre tous pourront s'attaquer à plus costaud encore: le sandwich emblématique de La Réunion, préparé dans un pain baguette fourré de bouchons (ces raviolis au porc ou au poulet), gratiné au gruyère et, au goût, garni de frites! Vous l'aurez compris, on ne va pas tellement à la Marmite su'l feu pour la finesse des plats, mais pour être surpris et se réchauffer tant le corps que le moral. Car bien sûr, l'accueil va de pair avec la chaleur du pays.

Notez que toutes les recettes de cari (une douzaine au total) sont vendues en pots sous vide, à emporter.

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LA MARMITE SU'L FEU

Deux adresses à Montréal:

Marché Saint-Jacques,

2035, rue Amherst

Près du marché Atwater,

3911, rue Saint-Jacques

marmitesulfeu.ca