Quand la journaliste du Telegraph Diana Henry a commencé à faire sa tournée de promotion pour son dernier livre de cuisine, A Change of Appetite, «un changement d'appétit», elle a été surprise de voir toutes sortes de femmes venir lui parler, lui prendre la main, et lui dire merci.

Merci pour les recettes, mais surtout merci pour les textes très personnels entre les magnifiques photos de salades et de potages colorés, de fruits écarlates et de céréales dorées. Dans son livre, Henry parle de nourriture, mais aussi d'elle-même, de tous les régimes qu'elle a suivis, de ses luttes et de ses découvertes, de comment elle a fait la paix avec qui elle est et ce qu'elle mange.

«Ces lectrices avaient l'impression que dans mon livre, je leur parlais personnellement», relate l'auteure, qui était de passage à Montréal, en vacances, récemment.

«Je crois que j'ai touché quelque chose. Au début, j'avais peur de m'être trop exposée en admettant m'être battue avec mon poids toute ma vie. Maintenant, je sais que j'ai fait la bonne chose.»

Diana Henry, la grande spécialiste de cuisine du Telegraph, celle qui a été animatrice, productrice, a étudié à Oxford en littérature avant de faire un cours de journalisme, celle qui collectionne les honneurs pour ses nombreux livres, qui signe une des plus populaires chroniques hebdomadaires du magazine Stella, explique en effet dans son dernier opus que la nourriture, même si elle en fait son travail, n'a pas toujours été une amie sereine. Elle a commencé à suivre des tas de régimes amaigrissants alors qu'elle était enfant et a continué pendant des décennies. Aujourd'hui, la jeune quinquagénaire leur attribue ces kilos qu'elle traîne en trop, mais qui ne l'angoissent plus comme avant. «À un moment, dit-elle, il faut juste lâcher prise.»

Lâcher prise et se réconcilier avec le plaisir de se nourrir.

C'est cette démarche qui est derrière A Change of Appetite, où elle propose des recettes qui vont à l'essence de ce qu'elle aime manger. Des plats savoureux qui nourrissent sans surcharger l'estomac. Des plats qui ne font aucun compromis côté plaisir mais qui laissent sans lourdeur, sans crise de foie, avec cette douce satiété que savent accorder les cuisines moyen-orientales, asiatiques ou d'Europe du Sud remplies de légumes frais, de grains, de légumineuses.

Des plats qui sont accidentellement légers. Non pas parce qu'on leur a coupé le gras, le sucre et les ailes. Mais juste parce qu'ils sont comme ça.

Selon Diana Henry, il est clair que les régimes amaigrissants ne donnent rien à long terme, à part faire perdre du poids ponctuellement rapidement, pour qu'ensuite le corps, craintif d'être à nouveau privé de calories, se mette à faire des réserves en cas d'éventuelle nouvelle disette.

C'est ainsi que les personnes au régime reprennent si facilement des kilos après en avoir perdu.

Selon elle, c'est en mangeant normalement, juste assez, pas trop, et en se faisant plaisir qu'on trouve le poids qui est le nôtre. Ce n'est peut-être pas le poids qu'on veut, mais c'est un poids d'équilibre et essayer de le changer ne donne rien.

La journaliste croit que les femmes perdent beaucoup plus que des kilos en tombant dans l'univers des diètes restrictives et de la minceur à tout prix. «Ça nous empêche d'avancer», dit-elle. «Ça nous rabaisse.»

À toutes sortes de niveaux. Privées d'énergie, on bouge moins, on pense moins bien. Convaincues de ne pas avoir le corps idéal, on a moins confiance en nous. Et surtout, obsédées par la gestion des repas, des calories, par ce qu'il faut ou ne faut pas manger, parce qu'on a trop ingurgité ou parce qu'on rêve de déguster sans s'en donner le droit, on perd un temps précieux.

«C'est juste fou, tout l'espace mental que ça prend!»

Diana Henry s'attriste aussi de toute la douleur qui vient avec cela. Le sentiment d'échec, la tristesse, la solitude. «Ça me fâche! Ça n'a pas à être ainsi. Ce n'est pas correct.»

Son conseil: adieu régimes et bonjour bonne cuisine qui nourrit le corps et l'esprit. Pas plus, pas moins.

Photo fournie par l'éditeur