La cuisine traditionnelle, au Québec, est devenue un peu comme la messe: on la fréquente à Noël et c'est réglé pour l'année.

Et encore.

Dans bien des familles, on a depuis longtemps remplacé tourtières et autres ragoûts par des plats plus chic, parfois même exotiques. Et c'est ainsi qu'on finit par manquer de nutriments sur le plan des racines. Heureusement, il y a La Roche à Veillon, et tout l'été pour se rattraper.

Ce vaste établissement installé dans une ancienne grange fêtera son 50e anniversaire l'an prochain. Au début, les mets étaient préparés par des dames des environs dans leur propre cuisine.

Les plats servis aujourd'hui au restaurant La Boustifaille (que tout le monde continue à appeler La Roche à Veillon, même s'il s'agit en fait du nom du théâtre d'été situé dans le même bâtiment) s'inspirent de leurs recettes. Sont-ils fidèles à la tradition? Alors là, tirez-vous une bûche parce qu'on peut en discuter jusqu'à demain matin. Car soyons honnêtes: dès qu'il est question de terroir, il y a autant de variations que de cuisinières.

Ici, par exemple, on pourrait argumenter que les cretons sont un peu lisses et les betteraves trop vinaigrées. Mais c'est peu de choses comparativement au plaisir d'avoir de la graisse de rôti avec son petit déjeuner, ou de pouvoir déguster du ragoût de pattes-boulettes et du cipâte dans une même assiette - une quinzaine de plats de résistance peuvent ainsi être jumelés pour éviter les choix déchirants. La galantine de veau, préparation de viande en gelée parfois un peu rebutante, nous a charmés par sa finesse, et le pâté au saumon sauce aux oeufs était tout simplement impeccable.

Certains plats ne sont offerts qu'une fois par semaine. Pour le chiard blanc, préparation typique de la Côte-du-Sud à base de pommes de terre, d'oignons et de lard salé, il faut y aller le mercredi.

Plus faim pour le dessert? Essayez quand même la beurrée de crème avec sucre d'érable, une belle tranche de pain de ménage richement imbibée à saupoudrer soi-même de sucre du pays.

Non, tout cela n'est pas léger. Les faux, fléau et autres instruments aratoires accrochés au-dessus de nos têtes nous rappellent qu'avant l'arrivée des tracteurs, ce sont nos ancêtres qui avaient besoin de beaucoup de carburant.

Le pain de ménage ainsi que plusieurs des plats et condiments figurant au menu sont aussi vendus pour emporter. Nous en avons profité pour faire provision d'oeufs de caille marinés. Version miniature des oeufs dans le vinaigre des tavernes, ils sont parfaits pour garnir une assiette de saumon fumé ou n'importe quelle salade.

Ouvert de mai à octobre, La Roche à Veillon est un bon endroit pour faire découvrir des spécialités aux visiteurs de l'étranger. D'autant plus que le lieu n'a rien d'un piège à touristes. Fondé et géré par un organisme sans but lucratif, il sert une clientèle venant, dans plus de 90 % des cas, du Québec.

Info: www.rocheaveillon.com

418-598-3061