C'est une bonne nouvelle pour un secteur qui n'est pas des mieux desservis sur le plan gustatif: le marché Saint-Jacques, situé à l'angle des rues Amherst et Ontario, dans le quartier Centre-Sud, revit. Après une longue fermeture suivie d'une relance peu fructueuse en 2009, les choses semblent enfin sur la bonne voie.

Inauguré en 1931 à la même époque que les marchés Jean-Talon et Atwater, le marché Saint-Jacques est loin d'avoir connu leur succès au cours des dernières années, abandonné des clients et des marchands pendant une bonne trentaine d'années. Il a pour ainsi dire sombré dans l'oubli.

Mais voilà qu'il a subi une jolie cure de rajeunissement dans les derniers mois, sous la houlette du promoteur immobilier Jean-Pierre Houle, du groupe Europa, qui a racheté l'immeuble et compte y installer, aux deuxième et troisième étages, une trentaine de condos.

Un point de ravitaillement complet

Avec l'aide de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal, il a recruté depuis le mois de novembre presque tous les commerces de bouche essentiels pour en faire un point de ravitaillement complet au rez-de-chaussée: une boucherie, une pâtisserie, une fabrique de pâtes artisanales, un saucissier, une fruiterie, une crêperie et bientôt une boulangerie française, une chocolaterie et un marchand de glaces artisanales pour l'été. La fromagerie Atwater, installée depuis trois ans dans un vaste local, garde le cap. Les locaux intérieurs sont presque tous occupés, une première depuis très longtemps: il ne manque plus qu'un poissonnier.

Et des clients... «On part d'une habitude de consommation qui est à zéro et, si les gens ne viennent pas, il faudra fermer, reconnaît Jean-Pierre Houle. Mais cette fois, je suis sûr que ça va marcher.»

D'une part parce qu'il affirme s'être assuré que les marchands maintiendront des prix compétitifs, moins élevés qu'auparavant, et n'offriront pas que des aliments de luxe ou recherchés, mais aussi des produits de base abordables aux résidants du secteur. Il compte aussi sur la proximité de plusieurs tours de bureaux, de l'UQAM et de Radio-Canada, pour faire le plein de travailleurs sur le chemin du retour, à vélo ou en voiture: le marché compte un stationnement de 50 places et est situé sur un axe prisé des cyclistes pour rejoindre le Plateau Mont-Royal.

À l'été, des producteurs maraîchers s'installeront à l'extérieur, où ils seront tenus d'indiquer la provenance de leurs fruits et légumes. Les serres Marcil seront de retour pour la 30e année consécutive avec leurs plantes et leurs fleurs.

«C'est très bien parti», remarque Annie Therien, propriétaire de Rouge Tomate, spécialisée dans les pâtes maison (dont, fait rare pour des pâtes fraîches, des variétés sans gluten). «Les affaires vont mieux ici que lorsque nous avons lancé notre première boutique à Saint-Sauveur.»

«Nous avons déjà des habitués», ajoute Léa Colliot, copropriétaire de la Fruiterie, convaincue que le marché Saint-Jacques attirera bientôt autant, sinon plus encore de visiteurs que le marché Maisonneuve. L'été et le retour de la saison des récoltes permettront déjà de mieux évaluer le potentiel d'attraction du marché Saint-Jacques. Jean-Pierre Houle compte de deux à cinq ans pour atteindre une vitesse de croisière. À suivre, donc.

Marché Saint-Jacques: 2035, rue Amherst. Ouvert tous les jours. www.marchesaint-jacques.com