Bien qu'il ait été préparé avec un grassouillet à l'ail produit à La Pocatière, un Monnoir affiné dans une fromagerie de Saint-Jean-sur-Richelieu, un pain pétri à la Boulangerie Guillaume, avenue Fairmount à Montréal, et une pousse, le mizuna, cultivée à Laval, faire un sandwich 100% québécois n'est pas une mince affaire.

«C'est tout un défi», estime Émilie Gauthier, copropriétaire de La Mangeoire, camionnette transformée en cuisine mobile, qui se déplace pour vendre notamment des sandwichs et des croustilles de légumes-racines.

Un défi qu'elle a accepté de relever à notre demande.

Et au final, le sandwich composé pourrait porter une étiquette «Fait au Québec... à 99,9%»!

Mais avant de pouvoir présenter fièrement son sandwich alléchant, Émilie Gauthier a mis plusieurs heures à dénicher des produits d'ici. «C'est difficile de trouver un pain 100% québécois», constate-t-elle. La demi-baguette qu'elle a choisie est-elle réellement confectionnée avec des huiles et de la farine préparées dans la province? «Je sais que la farine de Guillaume est canadienne, répond-elle. C'est un boulanger québécois, qui travaille avec sa femme québécoise dans une entreprise québécoise. Que voulez-vous de plus?»

Autre défi: mettre la main sur des huiles de tournesol, de chanvre ou de canola québécoises pour préparer l'aïoli qui viendra s'harmoniser avec le grassouillet, saucisson extrêmement goûteux. Elle les a trouvées dans une boutique d'aliments naturels.

Et puis, il y a les noix grillées qu'elle aurait souhaité ajouter, un ingrédient peu produit au Québec. Jacques Blais et Diane Pageau, de Sainte-Croix-de-Lotbinière, près de Québec, comptent parmi les rares producteurs de noix de la province. Ils n'ont toutefois aucun point de vente à Montréal pour le moment. Leur produit ne s'est donc pas retrouvé entre nos deux tranches de demi-baguette.

N'empêche, le résultat est concluant. Et savoureux. Le Monnoir soutient parfaitement bien le goût prononcé du saucisson de La Pocatière. Et le mizuna, avec ses saveurs de moutarde, apporte un côté croquant, très agréable sous la dent.

Si on passait à la caisse, combien vaut un sandwich comme celui-là à La Mangeoire, par exemple? Entre 15$ et 20$, calcule Émilie Gauthier. Le fait qu'il soit «québécois de souche» fait évidemment gonfler la facture, admet-elle. Le fromage, le pain, la charcuterie: il faut payer le prix pour ces produits de qualité. Elle fait face elle-même à ce dilemme quotidiennement. D'une part, La Mangeoire veut encourager les producteurs locaux, mais, d'autre part, elle souhaite offrir des casse-croûte à prix compétitif. Pas toujours facile de trancher.

www.lamangeoiretruck.com

Grassouillet à l'ail

1. Fou du cochon, entreprise établie à La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent, produit du saucisson depuis sept ans. C'est de là que vient le grassouillet à l'ail, charcuterie choisie pour confectionner notre sandwich. En une journée, Samuel Gaudet et son associée Nathalie Joannette produisent jusqu'à 50 kg de grassouillet à l'ail. Selon M. Gaudet, le grassouillet est une charcuterie tout indiquée pour un sandwich, des pâtes et de la pizza. «Il assez coriace, c'est moins un saucisson que l'on mange comme ça, sur le coin de la table.» Par ailleurs, qu'il s'agisse du grassouillet, des bâtons ou des grelots, tout le processus de fabrication est entièrement fait à la main. «Ça ne nous intéresse pas de devenir des gestionnaires d'équipement», affirme Samuel Gaudet, 33 ans, pour qui la préparation de saucissons de manière artisanale, et surtout sans nitrites, est une priorité.

Fou du cochon

www.fouducochon.com

Demi-baguette

2. Guillaume, artisan-boulanger, est littéralement un oiseau de nuit. Pendant que la ville dort, il s'affaire à ses fourneaux. Depuis qu'il s'est lancé dans l'aventure du pain, il débarque chaque jour vers minuit à la boulangerie pour cuire ses baguettes et ses miches, et ce, jusqu'à très tôt le matin. Valériane, sa compagne et son bras droit, prend ensuite le relais et veille au grain pendant la journée. Des demi-baguettes comme celle choisie pour notre sandwich, les boulangers de chez Guillaume en pétrissent en moyenne une centaine par jour. Et elles trouvent toutes preneur. La demi-baguette compte parmi les meilleurs vendeurs de la maison.

Boulangerie Guillaume

17, av. Fairmount E., Montréal 514-507-3199

boulangerieguillaume.com

Fromage Le Monnoir

3. Tout en noisette et en beurre. Voilà comment Suzanne Dufresne, propriétaire de la fromagerie Au gré des champs, à Saint-Jean-sur-Richelieu, décrit le Monnoir, un fromage qu'elle fabrique depuis 2004. Celui qu'on a tranché finement avant de l'insérer dans notre sandwich compte parmi l'un des premiers fromages québécois de gros format affiné au lait cru. Seul avec un verre de cidre de glace, en gratin ou encore dans un sandwich confectionné avec du grassouillet à l'ail, le Monnoir peut être dégusté de différentes façons. Une période d'au moins six mois s'écoule entre le début de sa fabrication et les présentoirs des fromageries.

Au gré des champs

400, rang Saint-Édouard, Saint-Jean-sur-Richelieu 450-346-8732, augredeschamps.com



Pousse


4. Birri et frères, qui vend ses pousses au marché Jean-Talon depuis 50 ans, cultive la mizuna dans ses serres de Laval. L'un des propriétaires, Lino Birri, la décrit comme de la «roquette douce». Lorsque la feuille est petite, elle se mange généralement en salade ou dans un sandwich. Ses saveurs de moutarde s'harmonisent parfaitement avec notre grassouillet à l'ail.

Birri et frères

7075-A, av. Casgrain (marché Jean-Talon), Montréal 514-276-3202 birrietfreres.com



Gelée


5. «De la gelée de pommette, il y a quelque chose de très québécois là-dedans, estime Simon Turcotte, artisan confiturier depuis le début des années 2000. On a tous une tante qui faisait des confitures avec ce fruit-là», ajoute celui qui prépare ses produits dans son atelier-boutique de Sainte-Marcelline, dans la région de Lanaudière. La gelée de pommette et basilic compte parmi ses meilleurs vendeurs. Cette confiture s'harmonise bien avec plusieurs plats, comme des côtelettes de veau, des merguez ou encore... du grassouillet à l'ail.

Simon Turcotte, confiturier

531, rue Principale, Sainte-Marcelline-de-Kildare 450-883-8893 confiture.ca

Comment faire de l'aïoli

6. Aïoli au miel et basilic 

Émilie Gauthier


INGRÉDIENTS

1 oeuf*

à 1 c. à thé de miel aux fleurs sauvages

15 feuilles de basilic frais

tige de fleur d'ail coupée en rondelles

500 ml d'huile de tournesol biologique du Québec*

Une pincée de sel et de poivre

*Si vous prenez le mélangeur pour faire la mayonnaise, utilisez l'oeuf entier. Mais si vous y allez au fouet, utilisez seulement le jaune d'oeuf. On peut aussi remplacer l'huile de tournesol ou la jumeler avec de l'huile de canola du Québec.

PRÉPARATION

Mettre dans le mélangeur, l'oeuf, la fleur d'ail et une cuillère à soupe de l'huile de tournesol. Mélanger.

Tout en continuant à mélanger à vitesse moyenne, verser le reste de l'huile tranquillement (en filet). Lorsque la mayonnaise a pris, ajouter le basilic et le miel. Assaisonner au goût.

Photo: André Pichette, La Presse

Émilie Gauthier, copropriétaire de La Mangeoire.

Sandwich

Demi-baguette de la Boulangerie Guillaume

Aïoli au miel et basilic (voir ci-dessus)

Grassouillet à l'ail tranché finement du Fou du cochon

Fromage Le Monnoir de la fromagerie Au gré des champs

Mizuna de chez Birri et frères, au marché Jean-Talon

Chanterelles grillées au beurre

Tartine

Ingrédients

Une tranche de pain bâtard au tournesol de la Boulangerie Guillaume

Gelée de pommette et basilic de Simon Turcotte, confiturier

Tranches très minces de grassouillet à l'ail