Elles s'appellent Marie-Chantal, Suzanne, Isabelle, viennent de la ville ou de la campagne, mais ont toutes une chose en commun: le fromage. La progression extraordinaire de cette industrie au Québec, au cours des dernières années, est loin d'être une affaire d'hommes et, a contrario, porte très souvent les traits délicats d'une femme. Découvrez certains des plus beaux visages du métier, celui d'artisanes de tous horizons qui ont embrassé cet univers pour des raisons des plus diverses, mais jamais sans passion.

> Leur bonheur est dans le fromage

Ce n'est pas d'hier ni unique au Québec que les femmes se démarquent dans la transformation du lait.

Ceci explique cela, rationnellement : «Les femmes s'occupent très souvent de la fabrication du lait parce que les tâches à la ferme sont plus dures, et donc plus populaires auprès des hommes », note Abdel Ould Baba Ali, directeur du Centred'expertise fromagère du Québec.

Mylène Blanchard, qui s'occupe de l'organisation des prix Caseus (remis aux meilleurs fromagers québécois chaque année), le voit bien. Même s'il y a bien des exceptions, les nouvelles fromageries artisanales sont souvent pilotées par des couples qui se sont divisé ainsi le travail, mais c'est vrai aussi dans les maisons plus établies.

À la fromagerie Médard, au Lac- Saint-Jean, c'est une fille, Rose-Alice Boivin-Côté, qui assure la relève de ses parents et dirige la fabrication du fromage, épaulée de ses deux jeunes soeurs.

L'an dernier, le grand prix Caseus, décerné au meilleur fromage québécois, est allé à une jeune femme, Marie-Chantal Houde, et l'équipe qui entoure le fromager Jean Morin, dont le Louis d'Or a été choisi parmi les trois meilleurs fromages d'Amérique du Nord en 2011, est entièrement constituée de femmes.

Force est de constater, donc, que la force physique est loin de tout expliquer. Après tout, manipuler tous les jours des meules de 3, 5, 10 voire 40 kg demande de sacrés muscles. «Les femmes sont aussi plus patientes, et il en faut, de la patience, pour faire ce métier !

Mouler un fromage à la louche, c'est long et délicat ! », ajoute M. Baba Ali.

«Sans rien enlever aux hommes, les femmes font peut-être preuve de plus de finesse et de sensibilité», ajoute Yannick Achim, un marchand fromager qui connaît le milieu comme le fond de sa poche, et est juge pour la plupart des grands concours. «Elles sont très intuitives », explique-t-il, une qualité essentielle pour faire en sorte que, peu importe les saisons et les variations du lait employé, le résultat soit constant. Même en boutique, il constate que ses employées sont plus délicates, plus minutieuses pour manipuler les fromages.

Qu'elles soient novices, expertes, urbaines ou campagnardes, nous avons eu envie de vous faire découvrir six fromagères d'horizons différents.