Le chef rebelle québécois Martin Picard vient de lancer un livre de recettes dans lequel l'écureuil devient sushi et le bien-aimé castor rencontre le boucher.

Si Picard s'est vu empêcher de servir du foie gras au Bal de neige de l'an dernier, à Ottawa, on peut deviner que les organisateurs de l'événement ne se précipiteront pas pour l'inviter à cuisiner son nouveau plat, baptisé «Castor de la confédération». On y retrouve l'emblème national du Canada farci de sa propre queue, dans une sauce faite de crème et de sang de porc.

Ce deuxième livre de recettes concocté par le célèbre chef montréalais met l'accent, parfois en images, sur une philosophie culinaire qui a fait de lui un héros auprès des amateurs de bonne chère.

Il est question, en partie, d'un retour à la nature, aux origines de notre nourriture, aux traditions et à une époque où l'on mangeait avec naïveté, sans se soucier du cholestérol ou de l'artériosclérose.

Ainsi, sa plus récente publication célèbre un monument de la tradition culinaire québécoise: la cabane à sucre. «Cabane à sucre Au pied de cochon» ne contient toutefois qu'une petite section traitant de la façon d'écorcher des rongeurs des bois ou de cuire une queue de castor pour qu'elle puisse servir de farce.

Le manuel de 380 pages offre également une histoire illustrée des cabanes à sucre, remplie d'anecdotes familiales, un guide sur la production de sirop d'érable, une nouvelle imaginant un monde post-apocalyptique dans lequel il ne reste que les cabanes à sucre et, bien sûr, plus de 100 recettes allant des desserts bien connus à la cuisine fusion.

Un ingrédient revient partout dans le livre: le sirop d'érable.

Il y a du beurre d'érable, du sucre d'érable, des bonbons à l'érable, des pépites d'érable - de même que de la tourtière, du pain, un curry de veau, un mijoté de lentilles au chou et de la soupe aux pois et foie gras, tous incluant le fameux sirop.

Dans son introduction, le chef montréalais affirme que «le sirop d'érable et son univers ont une si forte dimension culturelle» qu'ils devraient, croit-il, «être enseignés à l'école». Selon lui, la valeur culinaire du produit est sous-estimée.

«On utilise presque partout le sirop d'érable uniquement au petit déjeuner, écrit-il. La seule chose que le monde entier associe à l'érable, des Américains aux Français en passant par les Japonais, ce sont les crêpes. Il faut se réveiller!»