L'été dernier, on a appris l'existence de la Société Orignal, qui travaille avec les agriculteurs québécois au développement de produits gastronomiques de niche, destinés à la restauration. Cet automne, ils ont courtisé les grands chefs new-yorkais, qui se sont entichés des miels, sirops, huiles et autres épices de chez nous.

Déjà, une quinzaine de chefs québécois, puis une demi-douzaine chacun de Torontois et de Vancouvérois travaillent avec les produits un peu «flyés» qu'Alex Cruz et Cyril Gonzales ont aidé à mettre au point. Le succès de la Société est tel qu'Alex Cruz a quitté le restaurant DNA, qu'il codirigeait depuis l'ouverture en 2008. Il se consacre maintenant entièrement à son nouveau «bébé».

Dans la Grosse Pomme, il a fallu être insistant et persévérant pour avoir accès aux cuisines. Mais les frondeurs sont néanmoins arrivés à «placer» leurs produits dans certaines des tables les plus réputées de New York, dont Eleven Madison Park, Daniel, WD-50, Picholine, Auréole, Gramercy Tavern et Per Se. Daniel Boulud, Dan Barber, Jean-Georges Vongerichten et Ken Oringer (Boston) ont tous accepté de tester les produits d'ici. Alain Ducasse a le dossier de la Société Orignal sur son bureau.

«La compétition est féroce à New York, déclare Cyril Gonzales. On n'a pas facilement accès aux chefs comme ici. Ils sont très sollicités. Souvent, les hôtesses des restaurants agissent comme des gardes du corps! Les plus grandes tables ont même leur «culinary liaison», une personne responsable des relations entre la cuisine et les fournisseurs.»

Cela dit, les quatre représentants de la Société Orignal qui ont prix la Grosse Pomme d'assaut ne se sont pas laissé décourager. Puis, une fois franchie la porte de la cuisine, ils ont laissé les produits parler d'eux-mêmes. L'huile de tournesol pressée à froid, créée avec Loïc Dewavrin des Huiles naturelles d'Amérique, le sirop d'érable concentré de Richard Semmelhaack, les miels de Récolte nature ont été parmi les «créations» les plus populaires.

Bien qu'ils soient présentement en phase de commercialisation, avec des rencontres à Londres et à Copenhague sous peu, les originaux de la Société Orignal débordent d'idées de produits pour mettre le Québec gastronomique sur la carte. Câpres de baies de genièvre et de baies de sureau immatures, bières, infusions de toutes sortes comptent parmi leurs projets.

Un volet «épiceries fines» pourrait voir le jour sous peu à la Société Orignal, pour offrir quelques produits d'exception aux gourmets qui voudraient en faire l'expérience à la maison.