Vous savez que le candidat démocrate surveille le prix de la roquette* et qu'il n'aime pas le dessert. Mais peut-être ne connaissez-vous pas son goût pour la nourriture mexicaine du Topolobampo, un célèbre restaurant de Chicago. Ce n'est pas le Tee Bee, un resto de Phoenix servant des nachos, des enchiladas et des tacos frits fréquenté jadis par George W. Bush.

Barack Obama: mexicain haut de gamme

Topolobampo offre la version haut de gamme de la cuisine régionale de Rick Bayless, lauréat du prix James Beard, avec des plats tels qu'un flan à la courge musquée et du merlu (hawaiien !) à l'escabèche avec des pommes de terre violettes rôties. On est bien loin du fromage fondu de l'homme de tous les jours (bien qu'Obama ait l'appui de la United Food and Commercial Workers International Union).Chez Topolobampo, Obama ne commande jamais de vin, dit Kevin Cary, gérant de la salle à manger. Et voilà pour tous ces soi-disant électeurs de «type vin». Il n'est pas plus du côté du «type bière», par contre. Selon Cary, il commande toujours la margarita maison - juste une, avec du sel. Peut-être qu'il attirera alors les électeurs de «type cocktail», soit tous ceux qui boivent tous les types de cocktail, allant d'un solide gin tonique à un mojito. (Un mojito à la roquette ?) Cela augure bien pour le vote indécis.

Obama commande également le menu dégustation cinq services de Topolobampo, révélant une préférence pour des plus petites portions qu'il peut partager avec plusieurs de ses compagnons de table. Il ne commande pas de dessert, mais il aime le guacamole, les plats à l'agneau et la sauce «mole», indique Cary. Cette dernière - une sauce mariant plusieurs saveurs et ingrédients variés pour créer quelque chose de nouveau - est tout à fait logique. Si le sénateur de l'Illinois-avec-des-côtés-Hawaii-Kansas-Kenya-et-Indonésie était un plat, il pourrait bien être la «mole».

* Alors qu'il voulait se montrer sympathique à la cause d'agriculteurs de l'Iowa, à l'été 2007, Barack Obama a cité en exemple le prix de la roquette dans une chaîne de supermarchés bio... qui n'existent pas en Iowa. Ses adversaires, dont John McCain, se sont emparés de l'incident en accusant le candidat démocrate d'être élitiste et éloigné des préoccupations de l'Américain moyenViandes rouges, mexicain et calmars

John McCain: viande rouge et calmars

John McCain a déjà dit à l'Associated Press: «Je mange presque tout. Parfois les légumes et moi n'allons pas très bien ensemble.» Comme la roquette? Le candidat républicain n'était pas disponible pour commenter sa politique en matière de légumes verts, mais après la convention républicaine, nous pouvons dire sans nous tromper que McCain apprécie la viande rouge.

Il a été vu en train de commander une pointe de pizza au pepperoni cet été, environ au même moment où Obama commandait une pointe végétarienne dans un autre restaurant. Et nous savons qu'il aime les côtes levées; il en a préparé pour les journalistes lors d'un barbecue en mars. Son mélange d'épices comprend un tiers de poudre d'ail, un tiers de sel et un tiers de poivre, étonnamment doux pour un homme réputé avoir un tempérament bouillant. Tout de même, cuisiner pour des journalistes montre qu'il n'a pas peur quand ça chauffe.

Le candidat républicain va aussi au restaurant. Le Wall Street Journal rapporte qu'il a visité un resto nommé Asylum avec plusieurs candidats colistiers et commandé des calmars. Le menu les décrit en termes étonnamment élitistes: «Nous avons éliminé les calmars rebelles et retenu seulement les sophistiqués... Sur le dessus, nos calmars intellectuellement appétissants, en dessous, de jeunes pousses de printemps.» (Quel type de pousses?) McCain ne s'attarde pas à la rhétorique. Il est surprenant qu'il accepte des calmars anti-rebelles, mais attendez-vous à l'inattendu de la part du non-conformiste.

Joe Biden: à l'italienne

Le candidat démocrate à la vice-présidence adore la nourriture italienne. Selon l'émission Dallas Morning News, il a déjà promis que s'il était élu président, il engagerait un chef italien à la Maison-Blanche. (Quoi, vous attendiez-vous à ce que le président du Comité des affaires étrangères préfère la cuisine américaine?) Il a aussi dit que les pâtes sont ce qu'il préfère cuisiner.

Quand le sénateur du Delaware mange au Toscana Kitchen + Bar à Wilmington, révèle Dan Butler, le chef-propriétaire, il commande habituellement un plat qui ne figure même pas au menu: des penne à la sauce tomate et au basilic. Hmmm, un homme qui sort du menu pour commander quelque chose de plus simple que la plupart des plats qui y figurent; «Il sort des sentiers battus, mais suit quand même beaucoup les grandes tendances», dit M. Butler.

Le chef souligne également que M. Biden ne commande jamais de viande au restaurant. Peut-être que ce sont tous ces glucides qui lui ont donné son endurance politique. Biden n'est pas Dennis Kucinich (un végétalien), mais sa position sur les côtes levées et le chili n'est pas connue, sans parler du ragoût d'orignal. Cela pourrait apporter une dynamique intéressante à la table politique.

Sarah Palin: ragoût d'orignal

Sarah Palin est aussi pro-ragoût d'orignal qu'un candidat peut l'être. C'est son plat favori. La candidate républicaine de l'Alaska à la vice-présidence chasse elle-même l'orignal, et le cuisine aussi, vraisemblablement - elle a remercié le chef personnel du gouverneur après son entrée en fonction, dit-elle. Elle pêche également. Ce n'est pas un secret que Palin (dont les surnoms sont: Sarah Barracuda, et le pitbull avec du rouge à lèvres) poursuit ses cibles avec agressivité.

Malgré son allure bibliothéco-glam, elle n'est jamais allée au Marx Bros., un café d'Anchorage, indique Jack Amon, le copropriétaire. Le restaurant, récemment visité par Harrison Ford et Calista Flockart, sert des plats tels que le flétan enrobé de pommes de terre accompagné d'une sauce tomate provençale et de riz au jasmin. «Je ne pense pas qu'elle soit intéressée par le type de cuisine fusion que nous faisons», dit M. Amon.

Mangeur conservateur, électeur conservateur? Le Windbreak Cafe de Wasilla, sa ville natale, est sans doute plus dans ses cordes. Le restaurant et l'hôtel adjacent courtisent les amateurs de poisson. John Goss, le cuisinier et gérant, croit que Palin y a déjà mangé. Si elle devait venir, il recommanderait les oeufs et les saucisses de cerf pour le déjeuner, ou un plat nommé flétan Olympia pour le souper. Rien de provençal ici, seulement les bonnes vielles crème sure et mayo.