À une époque pas si lointaine, des effluves de mélasse parfumaient les cuisines du Québec, le 25 novembre. De nombreuses familles confectionnaient de la tire Sainte-Catherine. Bien que la friandise porte le nom d'une sainte, elle est typiquement québécoise et n'a rien à voir avec un personnage biblique.

Made In Quebec

Marguerite Bourgeoys aurait préparé des bonbons à la mélasse et à la cassonade pour attirer les jeunes Amérindiennes vers les bancs d'école. «L'objectif était de leur donner une instruction religieuse et de les "civiliser". Pour y arriver, elle aurait préparé cette tire très simple», raconte Evelyne Ferron, historienne et chargée de cours à l'Université de Sherbrooke. Comme certaines sources affirment que la première école de la Nouvelle-France a été fondée le 25 novembre 1658, les histoires de la tire et de Catherine ont fini par s'entremêler.

Qui est Catherine?

La courte et triste histoire de Catherine d'Alexandrie débute au tournant du IVe siècle. «Catherine d'Alexandrie est la fille d'un roi, explique Mme Ferron. Elle est très jolie et très instruite. L'empereur romain Maxence désire l'épouser, mais celle-ci ou son père refuse.» Pour se venger, Maxence fait exécuter la jeune femme alors âgée de seulement 18 ans.

Ce qu'on célèbre

Durant le Moyen Âge, sainte Catherine devient la protectrice des jeunes filles célibataires. Celles de 25 ans et plus sont d'ailleurs surnommées «catherinettes». «Le 25 novembre, on fait porter aux catherinettes de grands chapeaux verts. De cette manière, les hommes qui se cherchent une épouse savent que ces femmes sont disponibles. C'est comme si on leur faisait porter un panneau publicitaire», dit Mme Ferron.

Dans les écoles

En plus de célébrer les catherinettes le 25 novembre, on rend hommage à Marguerite Bourgeoys, raconte Madeleine Juneau, directrice générale de la Maison Saint-Gabriel. «Dans toutes les écoles et les couvents, on porte de grands chapeaux en papier, on organise une pièce de théâtre, on a congé de devoirs et, bien sûr, on mange de la tire Sainte-Catherine. Le soir, quand on rentre à la maison, il y a encore de la tire sur la table.»

La fin d'une tradition

Les écoles cessent de célébrer la Sainte-Catherine quand l'État prend la place de l'Église dans l'enseignement, dans les années 60, rappelle Madeleine Juneau. Être jeune et célibataire passe également mieux dans la société après la mort de Duplessis, à la même époque, souligne Mme Ferron. «Quand on a 25 ans et qu'on n'est pas mariée, on est moins un poids pour sa famille qu'au XVIe siècle. Il faut se rappeler qu'à cette époque, l'espérance de vie est beaucoup plus courte et que les chances de se trouver un mari sont donc plus minces.»

Ce samedi

À l'occasion de la Sainte-Catherine qui se tiendra samedi, la Maison Saint-Gabriel préparera de la tire devant public. Des conteurs et des danseurs seront sur place et des visites guidées de la Maison Saint-Gabriel sont également organisées. De 13 h à 17 h, 25 $ pour les familles, 15 $ pour les adultes.

Photo David Boily, La Presse

La recette

L'étape qui demande d'étirer la tire pour la ramollir et la pâlir marque l'imaginaire. Mais en réalité, la recette des klondikes est facile à réaliser avec des ingrédients faciles à trouver. Voici la version de la Congrégation de Notre-Dame.

Ingrédients

- 1 tasse de sucre blanc

- 1 tasse de cassonade

- 1 tasse de mélasse

- 1/2 tasse de sirop de maïs

- 1/2 tasse d'eau

- 1 c. à soupe de vinaigre

- 1 c. à thé de bicarbonate de soude, tamisé

- 1 c. à soupe de beurre 

Préparation

1. Dans une casserole à fond épais et à parois beurrées, mettre le sucre, la cassonade, la mélasse, le sirop de maïs, l'eau et le vinaigre.

2. Cuire jusqu'à 125 °C (260 °F) puis retirer du feu.

3. Incorporer le bicarbonate de soude et le beurre.

4. Verser le mélange dans une lèchefrite beurrée.

5. Dès que la tire est assez refroidie pour être maniée, l'étirer vivement jusqu'à ce qu'elle perde son lustre. Pour l'empêcher de coller aux doigts, on peut s'enduire les mains d'une légère couche de beurre.

6. Couper en petits bouts avec des ciseaux et envelopper dans du papier ciré.

Photo David Boily, La Presse