Non, la saveur de la vanille n'est pas l'apanage des îles et contrées lointaines. Les amateurs de cette douceur devraient initier leurs papilles au mélilot, une fleur cueillie à même les champs du Québec, et dont la poudre permet de réaliser quelques jolis tours de passe-passe.

Depuis près de deux ans, Gérard Mathar et Catherine Jacob, le couple derrière l'enseigne Gaspésie Sauvage, traquent et réduisent en poudre cette plante sauvage qui prolifère aux quatre coins de la province. «Elle est même parfois considérée comme une mauvaise herbe!», souligne M. Mathar. Plutôt surprenant, surtout qu'une fois séchée, elle révèle des accents très séducteurs.

Son «profil aromatique» - comme dirait François Chartier - flirte en effet avec celui de la vanille, tout en conservant un caractère propre, tirant sur le champêtre: d'agréables effluves de foin coupé aux accents sucrés, rappelant la yerba mate sud-américaine, se dégagent des paillettes séchées. «Le chef Patrick Demers lui trouve aussi des arômes de fève tonka», souligne Gérard Mathar.

Une saveur singulière qui ne demande qu'à mûrir, car contrairement à celle de certaines épices qui s'essouffle au fil des mois, celle du mélilot tend à se développer avec l'âge, note M. Mathar.

À utiliser méli-mélo

Sa vocation étant de remplacer la vanille dans nos recettes préférées, son utilisation s'avère simplissime.

«Si on veut l'utiliser pour des gâteaux ou des pâtisseries, il suffit de l'incorporer directement dans la farine. La poudre est aussi excellente pour faire des crèmes glacées ou des crèmes chantilly. Dans ce cas, on laisse infuser dans le lait utilisé pour la préparation», explique Gérard Mathar, propriétaire de Gaspésie Sauvage.

Madeleines, muffins, flans, crèmes pâtissières, confitures: le mélilot parfume harmonieusement toutes sortes de gâteries. Côté fruits, les horizons sont infinis, mais on peut évoquer pommes et poires comme compagnons idéaux. Surtout, il ne faut pas hésiter à l'associer aux fleurons de nos saveurs locales, comme l'incontournable sirop d'érable. Un simple verre de lait très frais, dans lequel on verse un trait de sirop clair ou ambré, avant d'y laisser infuser quelques pincées de poudre de mélilot; pourquoi chercher le bonheur dans la sophistication?

En sauce, voire alcoolisé

Mais son caractère vanillé ne le confine pas à la cour du sucré, et son association avec des produits de la mer créera des accords déroutants. «Le mélilot peut aussi être utilisé avec du homard ou des pétoncles, suggère Gérard Mathar. Pour ce faire, on l'incorpore dans une sauce blanche que l'on servira avec ces plats.»

Autre idée d'utilisation: infusé dans des boissons alcoolisées, que ce soit de manière sobre, dans des alcools de grain comme dans du gin ou de la vodka, ou en complément d'une composition, dans un cocktail, par exemple.

Bref, une poudre passe-partout qui mériterait de proliférer non plus seulement dans nos champs, mais aussi sur nos étagères.

Où le trouver?

Gaspésie Sauvage dispose de très nombreux points de vente un peu partout au Québec. Si la poudre de mélilot n'est pas offerte près de chez vous, les commandes en ligne sont possibles.

8 $ pour 30 g

Photo David Boily, Archives La Presse

La poudre de mélilot de Gaspésie Sauvage