Le tour de taille de bon nombre de Mexicains est peu enviable. Près de 70 % de la population souffre en effet d'un problème de surpoids. Pour tenter de renverser la vapeur, le chef Alfredo Oropeza, genre de Ricardo mexicain, fait la promotion d'une alimentation saine où l'on troque le coca-cola et la friture contre des tacos de poisson ou un ceviche de légumes. Des recettes simples et accessibles.

Tout comme son alter ego québécois, le chef Oropeza - qui se fait affectueusement appeler «El chef del Sabor» - est partout: il publie des livres de recettes, un magazine mensuel et participe à deux émissions de télé. Il possède un site internet où, en plus de donner des recettes, il tente d'inculquer de bonnes habitudes de vie. Le père de deux enfants trouve aussi le temps d'alimenter son compte Instragram de photos alléchantes et de vidéos pratiques. Qui dit mieux?

À l'image de notre M. Larrivée, le chef Oropeza est sympathique, souriant, accessible. C'est le gendre, le beau-frère ou l'ami que l'on souhaite avoir.

Malgré tout cela, il refuse d'endosser le rôle de sauveur. «Si je disais que mon but est de faire en sorte que les Mexicains mangent mieux, je pense que ce serait un peu prétentieux de ma part, a-t-il lancé d'emblée au cours d'un entretien téléphonique, tandis qu'il se trouvait dans ses bureaux de Mexico. Mais je veux utiliser cette tribune pour faire quelque chose de positif», ajoute-t-il tout en se disant conscient des problèmes de santé de ses compatriotes, causés notamment par la consommation abusive de boissons gazeuses, populaires même au petit-déjeuner.

Quand il cuisine, le chef Oropeza, qui, avec son enthousiasme débordant, ne lésine pas sur les superlatifs, n'hésite donc pas à vanter les valeurs nutritionnelles des ingrédients qu'il utilise, comme le quinoa, le chia ou les herbes fraîches. En s'adressant directement aux señoras à la maison avec un sourire digne d'un acteur de telenovela (genre de téléromans mexicains très populaires), il parvient certainement à rendre certains Mexicains végétariens ou, à tout le moins, à les convaincre de manger leurs tacos dans une feuille de laitue plutôt que dans une tortilla. Ce qui relève de l'exploit dans un pays où la viande et les tortillas sont presque élevées au rang de vaches sacrées.

«Je veux montrer aux gens qu'il faut faire attention à ce que l'on mange et que l'état de santé est intimement relié à l'alimentation.»

Et lui, quels sont ses mets préférés? Cette question le prend au dépourvu. «Tout dépend de mon état d'esprit», tient à souligner celui qui quitte souvent la capitale  pour se rendre à Mérida, Oaxaca ou Puebla, histoire de s'inspirer et de se régaler des plats régionaux préparés là-bas.

«Quand c'est un jour pluvieux, je pourrais vouloir manger une soupe de champignons ou un mole poblano. Quand il fait beau et chaud, une tostada super fraîche.» 

Par ailleurs, ceux qui souhaitent aller goûter aux plats d'Alfredo Oropeza au cours d'un futur voyage à Mexico risquent d'être déçus. Le chef n'a pas de restaurant... du moins pas encore. 

«Au bureau, nous avons une cuisine de restaurant. Environ 16 professionnels y travaillent [pour tester les recettes]. Nous prenons très au sérieux l'idée d'ouvrir cette cuisine au public. J'ai envie de le faire, mais j'ai besoin d'un peu plus de temps.»

Les Mexicains l'attendront, sans aucun doute.

Photo fournie par Alfredo Oropeza

Le chef Alfredo Oropeza est partout au Mexique : il publie des livres de recettes, un magazine mensuel et participe à deux émissions de télé.