Acheter des couches lavables pour son enfant, c'est une chose. Mais louer des couches de deuxième vie qui ont été portées par un ou plusieurs bébés, c'en est une autre. Bien que la proposition semble surprenante, l'organisme à but non lucratif Éco-Popotin convainc de plus en plus de parents de marier l'écologie aux économies.

L'OBNL, établi à Drummondville, offre des services de buanderie et de location de couches lavables. Un mandat qui nécessite beaucoup de travail auprès de la clientèle pour changer les mentalités. « Il faut démystifier la couche lavable d'abord et avant tout, souligne Karolane Hébert, directrice d'Éco-Popotin. Ensuite, c'est plus simple de convaincre les gens d'opter pour des couches de deuxième vie. »

Le processus utilisé pour laver les couches comporte plusieurs étapes. D'abord, les couches sont lavées à l'eau la plus bouillante possible. Éco-Popotin les fait ensuite tremper de 8 à 12 heures, selon les besoins des clients.

Vient alors l'étape du décrassage avec de l'OxyClean, un produit souvent utilisé dans les hôpitaux pour nettoyer les taches tenaces (sang, selles et autres fluides corporels) sur les draps des patients.

« Les bébés produisent souvent des selles qui tachent leurs couches, mais on ramène le tout très, très blanc. On enlève aussi toutes les impuretés comme l'accumulation de savon et des autres produits. On décrasse chaque recoin de la couche. »

- Karolane Hébert, directrice d'Éco-Popotin

Finalement, un dernier lavage normal est effectué pour s'assurer qu'il ne reste plus d'OxyClean. « Nos couches sont comme neuves. »

Patiente et convaincue, la directrice prend le temps de tout expliquer et de calmer les craintes de chaque client. « Les gens arrivent avec l'idée que les couches lavables sont comme à l'époque de nos grands-mères : un bout de tissu qu'on fait seulement tremper. Je prends le temps de tout vulgariser en étant la plus claire et simple possible. Je ne veux surtout pas les infantiliser. J'aime ça participer à leur apprentissage. »

MAMAN GESTIONNAIRE

Éco-Popotin a pignon sur rue depuis à peine plus de six mois. Le projet est né dans la tête de Mme Hébert, jeune maman de 22 ans. « Quand j'étais enceinte de mon deuxième garçon, je cherchais un projet pour concilier ma famille et le travail. J'essayais de trouver une idée pour me lancer en affaires. Et en discutant avec mon amie Émilie Langlois, la propriétaire de l'entreprise Les Confections Lili, qui fabrique des couches lavables, on a imaginé l'organisme. »

L'idée de créer un OBNL, et non une entreprise, s'est vite imposée. « J'ai déjà travaillé comme intervenante dans un autre organisme, Anti-pauvreté Mauricie Centre-du-Québec. J'aime le concept de donner aux citoyens. Je n'ai pas lancé Éco-Popotin pour m'enrichir. Tant que j'ai un salaire, ça me convient. Je veux que les services et les produits restent abordables. »

L'organisme a également créé un coin boutique où sont vendus des accessoires et des vêtements pour enfants de 0 à 4 ans. On y retrouve des marques comme Coton vanille, Betty & Billy, Balilou, Jules et Nolan, Omaiki, Alva, Agrumette, Oli Bébé, Les Tronches, Bébé carrousel et plusieurs d'autres.

« Nous vendons des couches de deuxième vie, mais tout le reste de nos produits est neuf. On ne voulait pas être une friperie. »

- Karolane Hébert, directrice d'Éco-Popotin

Les profits de la boutique permettent à l'organisme de s'autofinancer et de diminuer les coûts des services de buanderie et de location de couches. Par exemple, la location d'un lot de 24 couches de deuxième vie peut coûter entre 20 et 80 $ pour un mois. Les frais du service de buanderie varient de 15 à 70 $.

Chaque facture est calculée en fonction des revenus familiaux des clients. « On analyse les entrées et les sorties d'argent, les prestations du bien-être social, les diverses allocations et les salaires. Mais on ne s'arrête pas seulement au revenu annuel familial. Parfois, dans un couple, il peut y avoir un seul revenu assez bon, mais s'il y a plusieurs enfants, c'est plus difficile de faire vivre une famille. On s'ajuste en conséquence. »

Bien qu'elle souhaite se concentrer sur son OBNL, la gestionnaire est prête à guider ceux et celles qui voudraient démarrer un projet semblable ailleurs en province. « Je ne veux pas qu'Éco-Popotin devienne une bannière ni être la tête dirigeante de plusieurs centres. Je veux rester local. Mais je suis prête à offrir mes conseils. »

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ENTREPRISE

«Il faut démystifier la couche lavable d'abord et avant tout, souligne Karolane Hébert, directrice d'Éco-Popotin. Ensuite, c'est plus simple de convaincre les gens d'opter pour des couches de deuxième vie.»