Éric Brisson est un papa tout neuf. Le 21 octobre, sa femme a donné naissance à leur premier enfant - une fille prénommée Emma - au Brésil, où le Québécois vit depuis deux ans. La Presse l'a joint à São Paulo, pour parler de paternité chez les Brasileiros - les Brésiliens.

Où votre fille est-elle née?

Emma est née à São Paulo, au Pro Matre, une maternité privée avec une réputation spectaculaire. Étant Québécois, je n'avais jamais vu un hôpital privé de ma vie avant d'arriver au Brésil. C'est du luxe!

Quand on a visité le Pro Matre, j'ai même trouvé que c'était trop fou, qu'il y avait trop de monde, trop de visites. J'ai été impressionné par un corridor, qui permet aux familles de voir le nouveau-né sur un écran. Dès que le bébé sort, le papa le prend dans ses bras et va le montrer devant une sorte de fenêtre électronique. La famille et les amis, qui sont de l'autre côté dans le corridor, voient alors le bébé. Ça crie! C'est comme un show.

Ma femme voulait accoucher là, parce que les infirmières sont des pros et que les installations sont impressionnantes.

Il est courant d'accoucher dans un hôpital privé au Brésil?

Beaucoup de personnes de classe moyenne ont des assurances privées, par leur travail. C'est le cas de ma femme. Cela dit, jamais je ne serais en faveur d'ouvrir la porte au privé au Québec. Je suis conscient de ce que ça fait, un système à deux vitesses. Dans ses bonnes années, le travailleur aisé va dans le privé. Mais qu'est-ce qui arrive à la retraite ou quand tu n'as plus de travail? Là, tu n'as plus de soins de santé au privé.

En quoi est-ce différent d'avoir un bébé au Brésil plutôt qu'au Québec?

Au Brésil, tu reçois beaucoup de visites à l'hôpital. Nous en avons reçu une vingtaine et je n'ai pas tout un réseau de contacts ici. Les gens font une petite visite de 10 minutes et donnent beaucoup de cadeaux.

Ta seule responsabilité comme parent, c'est de leur donner aussi un petit cadeau. Soit un bonbon, soit une décoration, mais il faut absolument avoir quelque chose à offrir. Nous avons donné ce que je décrirais comme un mini gâteau Vachon dans un emballage cute! C'est symbolique. Ces attentions sont bien importantes. Je les vois comme des obligations...

Avez-vous eu droit à un congé de paternité?

Au Brésil, le papa a droit à cinq jours. Pas cinq jours ouvrables, cinq jours consécutifs. Beaucoup de papas brésiliens prennent leur mois de vacances annuelles après la naissance. Moi, je prends quatre semaines, un peu à mes frais. Quant à la mère, elle a droit à quatre mois de congé de maternité. Ça ne couvre même pas l'allaitement traditionnel de six mois, mais c'est comme ça.

Être père dans la société brésilienne, c'est bien vu?

Très. C'est la culture latino, où la famille est plus importante que tout. Devenir père, c'est un grand accomplissement, un grand rite dans la vie. Ici, dès qu'un couple se forme, les gens disent : quand est-ce que vous vous mariez? Dès que le mariage est annoncé, ils demandent : quand est-ce que le bébé arrive? Quand le bébé est là, ils continuent : quand est-ce que le deuxième arrive? Il faut en prendre et en laisser!

Brésil

Population en 2014 : 201 millions

Taux de fécondité en 2012 : 1,81 enfant par femme

Congé de paternité : cinq jours payés l'équivalent de 100 % du revenu.

Québec

Population en 2014 : 8 millions

Taux de fécondité en 2012 : 1,67 enfant par femme

Congé de paternité : cinq semaines payées l'équivalent de 70 % du revenu (revenu maximal assurable de 69 000 $ par an).

Sources : Banque mondiale, Human Righst Watch, Université de Sherbrooke, Institut de la statistique du Québec et Régime québécois d'assurance parentale.

_______________________

Vous êtes un père vivant ailleurs qu'au Québec et vous aimeriez témoigner?

Écrivez à notre journaliste mallard@lapresse.ca