Non, l'adolescence n'est pas nécessairement une période de grands conflits et de tourments géants. Souvent, au contraire, l'adolescence est même une période plutôt positive, dont bien des parents auraient intérêt à tirer profit!

Surpris? «On présente toujours l'adolescence comme problématique dans les médias, parce que cela fait des téléromans ou des nouvelles plus intéressantes. Mais bien des ados ont une adolescence assez calme, sans tous les grands conflits que les parents anticipent», confirme la psychologue Nadia Gagnier, qui signe un nouveau «guide de survie» pour parents d'ados, en librairie cette semaine.

Le guide, qui se veut en fait un «anti-mode d'emploi» (parce qu'il n'y a tellement pas «une seule façon de faire les choses»), est écrit sur un ton positif et sympathique plutôt hors du commun, avouons-le, pour un livre du genre. «Mais oui, cela peut très bien se passer si les parents connaissent bien leur ado, et surtout s'ils ne prennent pas ses attaques de façon trop personnelle.»

Car bien sûr, attaques il y aura: l'adolescence est une période où l'on cherche à affirmer son identité, explique l'auteure dans une première partie consacrée aux changements tant physiques que psychologiques qui surviennent dans cette période où, mis à part le 0-2 ans, votre enfant change le plus rapidement! Mais l'ado ne sera pas pour autant moins attaché à ses parents. Même s'il ne le dit pas (surtout pas devant ses amis!), «le parent aura encore de l'influence sur son enfant, beaucoup plus qu'il ne peut le penser», signale l'auteure.

C'est ici que l'attitude du parent est cruciale. Objectif? Incarner ici non pas le parent parfait (qui n'existe pas), mais plutôt le parent «pas pire», à la fois «chaleureux, qui reconnaît ses erreurs et attire le respect», et surtout «pas pire démocratique», capable de trouver l'équilibre entre «l'encadrement nécessaire, et le besoin de soutien et d'écoute de son enfant».

Comment? Fini le temps où, face à certaines demandes (je veux sortir plus tard, porter ceci, me faire percer cela), vous pouviez répondre: «Non, parce que c'est comme ça, je suis ton parent, basta.» Qu'on se le dise: «Un jour, le parent ne pourra plus mettre d'interdits...» D'où l'importance de démontrer à l'enfant que, oui, vous saisissez ses besoins de liberté et d'indépendance, mais oui, il y a toujours des limites, et que vous êtes prêts à vous montrer souple. «Car plus l'adolescent va sentir qu'on l'écoute, plus il va être facile pour lui de respecter ces limites.» Et mieux la relation va se porter...

Des exemples? L'auteure met de l'avant en fin de livre une série de situations très concrètes (elle veut la pilule, sa chambre est bordélique, j'ai trouvé des drogues dans sa poche), avec différentes réponses proposées. Toujours, Nadia Gagnier s'efforce de dédramatiser. «On ne prend jamais les bonnes décisions quand on est paniqué, justifie-t-elle. Il y a une expérimentation chez l'adolescent qui est nécessaire, pour le développement de son identité. Le rôle du parent est ici de mettre des balises.» Des balises, dans le calme, toujours, et dans le respect des désirs manifestes de l'enfant.

Pas facile, vous dites? Pourtant, vous devriez en profiter! «Car ce sont les dernières années que notre enfant va vivre à la maison. Des fois, c'est quand ils sont partis qu'on regrette...»

Les ados - Guide de survie pour parents, de la Dre Nadia Gagnier, Éd. La Presse, 223 p., 26,95$