Au Québec, plus de sept jeunes mères sur dix travaillent. En France, elles sont plus de 83% à le faire... avec en général plus d'enfants. Comment y arrivent-elles? La Télé-Université (UQAM) et le Centre d'économie de la Sorbonne, à Paris, tiendront lundi un colloque à Montréal sur la question.

Avec en moyenne deux enfants par femme, la France est le pays d'Europe le plus fécond. Malgré des familles plus nombreuses, les jeunes mères y sont toutefois légion à retourner travailler.

 

«Au Québec, on trouve ces chiffres très intéressants, dit Diane-Gabrielle Tremblay, docteure en science économique et professeure à l'UQAM. Au premier coup d'oeil, ça pique notre curiosité. On va essayer de comprendre comment ils réussissent cette conciliation.»

La professeure croit que la culture des entreprises en France joue un rôle déterminant. Elle cite en exemple des cas où des employeurs offrent des camps de jour pendant l'été aux enfants de leur personnel, ou encore un régime d'épargne-études. De telles initiatives en disent long sur la possibilité de s'absenter soudainement pour récupérer un enfant malade à l'école.

L'école à 3 ans

L'école dès 3 ans pour les petits Français amène aussi les femmes à réintégrer le marché du travail plus rapidement. «Nous sommes très avantagés pour les enfants de 0 à 3 ans au Québec, avec un réseau de garde de plus en plus accessible. Mais à partir de 3 ans, en France, les parents ont l'assurance que leur enfant peut aller à l'école. C'est sûr que pour la rentrée au travail, ça donne un coup de pouce.»

Francine Descarries, professeure-coordonatrice de la recherche au département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal, ajoute que la conciliation travail-famille fait aussi davantage partie des moeurs en France. «Les Françaises travaillent tout en veillant sur leur famille depuis beaucoup plus longtemps que nous. Ça fait partie de leur culture. Elles s'organisent», explique-t-elle.

Coup de pouce des patrons

Au Québec, même si elles le font moins que les Françaises, les mères aussi travaillent. Et de plus en plus. D'après l'Institut de la statistique du Québec, plus de sept jeunes mères sur 10 travaillent. C'est une augmentation de près de 7% depuis 2000.

Les garderies subventionnées facilitent cette conciliation, mais d'après les chercheurs interrogés, il y a plus: davantage d'entreprises assouplissent leurs règles ici aussi.

«Ce qui est important dans une société: il faut que les choses deviennent la norme. Avec autant de femmes avec enfants qui travaillent, ça devient la norme. Il y a donc des accommodements qui vont suivre. Et ça, ça peut être suffisant pour que le niveau de fatigue des femmes baisse», croit Mme Descarries.

D'après les deux professeures, les entreprises dans les secteurs où la main-d'oeuvre est rare ont été les premières à s'adapter et à permettre le télétravail, notamment. Aux demandes des femmes, mais de leurs conjoints aussi, plus soucieux que jamais de participer à l'éducation de leurs enfants.

«Il reste encore du chemin à parcourir, notamment pour les femmes qui travaillent dans les commerces. Pour elles, il faudra probablement que l'État propose des normes d'incitation aux entreprises. Mais généralement, ça progresse bien, estime Diane-Gabrielle Tremblay. Il y a 10 ans, la conciliation travail-famille, c'était un truc dont on ne parlait que dans les recherches universitaires!»

Le colloque Parentalité et activité Comparaison France-Québec est ouvert au public. Il a lieu lundi à la Télé-Université.