Au Québec, environ 15% des messages publicitaires diffusés à la télévision vantent les bienfaits de produits alimentaires. Et bien que cela soit interdit, encore trop de publicités sont destinées aux petits, estime la Coalition québécoise pour la problématique du poids.

Le groupe demande à l'Office de la protection du consommateur d'enquêter sur la légitimité de certaines publicités diffusées à TVÀ lors de l'émission Les Gags, qui ne cible pas directement le jeune public. «Nous voulons voir les limites de la loi, explique Suzie Pellerin, présidente de la Coalition. Nous tentons de mieux définir ce qu'est la publicité destinée aux enfants.» Les messages ciblés viennent de Poulet frit Kentucky, de la gomme Trident et de Pizza Hut.

Le groupe veut aussi rappeler à l'industrie alimentaire qu'il veille au grain, surtout durant la période des Fêtes. «Cette période-là est chargée de publicité destinée à la consommation, et on sait que les jeunes sont davantage devant l'écran, que ce soit celui de la télévision ou celui de l'ordinateur.»

Lors de la dernière année, des grands de l'alimentation, dont Saputo et Lucky Charms, ont reconnu avoir fait de la publicité destinée aux enfants. Toutes les accusations avaient été déposées à la suite de plaintes de la Coalition Poids.

Le groupe en a aussi contre un petit livret de jeu remis aux enfants lorsqu'ils mangent dans les restaurants Nickels, et contre la boisson énergétique Chaotic, liée à un jeu vidéo et que Santé Canada a fait retirer des tablettes le mois dernier.

En ouvrant la canette, l'enfant obtient un code qui lui permet de jouer en ligne. La Coalition déplore que, dans un contexte où un enfant québécois sur quatre a un problème de poids, les petits soient attirés vers des aliments de piètre qualité nutritive par de la publicité.

Le Groupe de recherche médias et santé de l'UQAM, partenaire de la Coalition, a analysé le contenu des messages publicitaires présentés sur quatre chaînes destinées à un jeune public: Télétoon, Vrak TV, YTV et MusiquePlus. Sur les ondes de cette dernière, on présentait peu de produits alimentaires.

Par contre, dans les trois autres cas, le chercheur Jean-Philippe Laperrière a calculé que les aliments à faible valeur nutritive s'y annoncent beaucoup plus que les aliments santé: il a identifié une proportion de 80% d'aliments «non diététiques» chez Vrak TV, sensiblement la même chose à Télétoon, et un décourageant 96% d'aliments à faible valeur nutritive chez YTV.

«La situation est très préoccupante, dit le chercheur, puisque les enfants de 2 à 11 ans regardent en moyenne 25 heures de télévision par semaine et sont exposés à environ 40 000 messages publicitaires chaque année.»