Nombreux sont les parents qui craignent le fameux «5 à 7» à la maison, soit le retour de l'école et du boulot, un moment souvent difficile pour les familles. Nancy Doyon, coach familiale et éducatrice spécialisée, explique pourquoi les soirées peuvent être éprouvantes et donne quelques conseils afin que ces heures soient moins chaotiques.

Tout le monde est irritable

Entre la préparation du repas, les devoirs et les bains, les parents enchaînent les tâches en soirée. «Le stress des tâches s'ajoute au stress de leur journée», souligne Nancy Doyon. Sans oublier qu'ils arrivent souvent fatigués et sont donc un peu moins patients. De nombreux enfants ont beaucoup d'énergie à dépenser à ce moment-là, car ils se sont contenus toute la journée pour ne pas déranger en classe et pour bien écouter. «Cette charge d'adrénaline a tendance à se manifester par des comportements négatifs: on va chercher le trouble, agacer les frères et soeurs, parce que ça nous permet de libérer la charge.» Tout le monde est donc un peu plus irritable et d'humeur explosive.

Observer chaque enfant

«Comme parents, on a tendance à chercher des formules universelles et à établir une routine en fonction de ce que nous-mêmes croyons être le mieux pour notre enfant.» Or, il vaut mieux observer son enfant pour décoder ses besoins. «Certains auront besoin de jouer dehors et dépenser leur énergie durant au moins 30 minutes avant de se lancer dans les devoirs. D'autres préféreront faire les devoirs tout de suite pour passer à autre chose. Et il y en a qui auront besoin de se détendre d'abord en écoutant une émission à la télévision.»

Petite astuce: on n'hésite pas à demander à son enfant de quoi il aurait besoin. «Dès que les enfants sont en première année, ils sont capables de déterminer ce qui leur ferait du bien.»

On se donne ensuite le mois de septembre, voire le mois d'octobre, pour analyser la routine qui fonctionne le mieux. Pour certains, ce sera toujours la même formule à privilégier, alors que pour d'autres, il faudra varier. Une fois que la routine est établie, on peut l'écrire pour chaque enfant ou la dessiner ensemble. Et on s'y tient avec une rigueur bienveillante. «L'importance de la routine, c'est de faire sensiblement les choses dans le même ordre, aux mêmes heures.»

S'accorder une période de transition 

«Un formidable investissement» à intégrer dans la routine consiste à s'accorder une courte période de transition (15 minutes suffisent) dès le retour à la maison, juste avant de se lancer dans les tâches. Un moment relationnel avec l'enfant où, par exemple, on joue à un jeu, on regarde la télé ensemble, on passe un peu de temps dehors avec son enfant, etc. Cette période tampon permettra d'apaiser les tensions. Comme la rentrée est stressante pour presque tous les enfants, cette période de transition est encore plus importante au début de l'année scolaire.

Autre astuce: on commence la soirée en faisant un long câlin à chacun des enfants, ce qui libère la charge émotive, l'adrénaline et le cortisol et fait sécréter chez l'enfant l'ocytocine, soit l'hormone de l'attachement et du bien-être, qui est aussi très apaisante.

Une clé: jouer dehors

Quand les enfants ont envie de courir partout, sont dans l'affrontement ou agacent leurs frères et soeurs, au lieu de les chicaner, de répéter ou de les envoyer dans leur chambre, «c'est beaucoup mieux de les envoyer jouer dehors, 30 ou 40 minutes, ça fera toute une différence».

Trop d'activités parascolaires

«Les enfants ont beaucoup trop d'activités parascolaires, croit Nancy Doyon. Tous les enfants de la famille ont-ils besoin de faire des activités parascolaires pour s'épanouir? Je suggère fortement qu'elles soient réservées pour le week-end, surtout pour les enfants de la maternelle à la troisième année, étant donné qu'ils sont beaucoup moins autonomes, que la charge de ce qu'ils apprennent à l'école est intense et qu'ils reviennent souvent fatigués le soir.» Et ce n'est pas parce qu'un enfant a de l'intérêt pour une activité que c'est forcement une bonne idée de l'y inscrire, notamment s'il montre des signes de fatigue.

Être organisé, mais pas trop

Certains parents ne sont pas assez structurés et organisés, «donc tout le monde est en train de courir et il y a un stress». Mais l'autre extrême n'est pas mieux. «Il y a des parents trop rigides, tellement centrés sur la tâche et l'organisation qu'ils sont trop dans leur tête et il n'y a pas suffisamment de relationnel dans la soirée. Ils sont dans la critique excessive envers les enfants, trop stressés par la routine.» Or, il faut une certaine dose de calme et de paix dans le climat familial.

Le coucher 

«Si les enfants ont carburé aux hormones du stress toute la soirée, ils risquent d'avoir du mal à s'endormir. S'ils n'ont pas été nourris dans leur besoin d'attention auprès de leurs parents, l'heure du coucher risque d'être plus pénible.» Aussi, beaucoup de parents couchent leurs enfants trop tard ou parfois trop tôt.

Arriver le plus tard possible à l'école

Si on peut envoyer les enfants plus tard à l'école le matin, c'est une bonne idée. «Le service de garde, même si c'est le fun, c'est exigeant et ça vient gruger les capacités attentionnelles des enfants. Plus l'enfant arrive tôt au service de garde, plus il risque d'avoir de la difficulté à se concentrer en classe.» Et plus la journée a été longue à l'école, plus le retour à la maison risque d'être difficile, car l'enfant est épuisé.

Cinq trucs pour mieux s'organiser

1. Faire une bonne partie des devoirs et des leçons la fin de semaine.

2. Prévoir un menu de la semaine.

3. Couper des légumes à l'avance, cuisiner un ou deux repas à l'avance et les congeler.

4. Ne pas répondre aux courriels ou textos en soirée, par exemple entre 17 h et 19 h, et avertir l'employeur ou les clients qu'on ne sera pas joignable à ce moment.

5. Se déléguer des tâches entre parents selon ses compétences et éviter de faire les tâches ensemble. Par exemple: un parent s'occupe du bain et l'autre des devoirs.