Ça y est, c'est décidé: cette année, je prépare tous mes soupers le dimanche, je ne fais que des lunchs zéro déchet, je couche mes enfants tôt et, surtout, je mets mon téléphone dans le fond d'un tiroir dès que je pose le pied dans la maison. Voeux pieux? Trop ambitieux? Et du coup assurément décourageant? Et si on se fixait des objectifs plus réalistes, et surtout plus fondamentaux, pour une fois?

Alors que les magazines, articles et blogues de parents regorgent de «trucs et astuces» et de «bons coups» pour nous simplifier la vie et nous permettre de commencer l'année du bon pied en cette rentrée, la psychologue, conférencière et formatrice Nadia Gagnier le dit d'emblée: non, elle n'aime pas beaucoup parler de «résolutions».

«Il y a une certaine aura magique autour des résolutions. Comme si en prenant des résolutions, par magie, le reste allait suivre.»

La psychologue préfère à l'inverse parler d'«objectifs» et, surtout, des différentes stratégies possibles pour les atteindre. Elle suggère aussi de dresser des bilans, en réfléchissant à l'année passée (et à ce qui a fonctionné, ou pas), en se demandant en quoi l'enfant a gagné en autonomie ou ce qu'on devrait améliorer.

Mais attention, pas n'importe quoi. Au lieu d'avoir des cibles en matière de planification ou d'organisation, pourtant très à la mode ces jours-ci, la psychologue y va de quelques suggestions affectives pour bonifier la relation parent-enfant. Des solutions plus «macro», résume-t-elle. «J'aime mieux orienter le parent là où il peut être le meilleur, plutôt que vers la microgestion.»

Trois objectifs «affectifs»

Première suggestion: faire des bilans de fin de soirée. Au lieu de poser la fameuse question «comment a été ta journée?» au retour de l'école, quand l'enfant est généralement affamé et peu disposé à se confier, Nadia Gagnier suggère aux familles de songer à réserver un petit moment avant le dodo pour ce genre de discussion. «Un moment plus propice, quand on est plus introspectif.»

Deuxième piste : les repas en famille à favoriser. Parce que c'est prouvé que les enfants qui mangent en famille ont tendance à moins souffrir de problèmes psychosociaux et à avoir de meilleurs résultats scolaires, mais aussi parce que ces réunions favorisent la cohésion et la tradition familiale, Nadia Gagnier nous encourage non pas à manger en famille chaque soir, mais plutôt à analyser «comment faire cette année pour être le plus souvent ensemble au souper».

Troisième suggestion: en cas de confidence, dit-elle, qu'il s'agisse d'un souci scolaire ou social, au lieu de suggérer une solution, accompagner l'enfant dans sa propre recherche de réponses. Elle qualifie d'«écoute active» cette validation des émotions, laquelle permet ultimement un plus grand sentiment «d'efficacité personnelle» de l'enfant.

«Je pense que l'organisation, c'est important, ça nous rend plus efficaces, mais aujourd'hui, on est très axés là-dessus. C'est sûr que la vie familiale fonctionne bien quand on est structurés. Mais moi, comme psychologue, j'oriente davantage mes conseils vers les besoins affectifs de l'enfant.»

Parce qu'«en visant la perfection de l'organisation à outrance, peut-être qu'on passe à côté de cibles plus importantes...».

Et les enfants?

Réviser ses tables chaque soir, revoir régulièrement ses conjugaisons, pas d'écran après 20 h: nos enfants, eux, devraient-ils prendre des résolutions à la rentrée? Natalie Godin, enseignante en éducation à l'enfance, n'aime pas trop l'idée. Au lieu d'encourager une certaine «anxiété de la performance», l'auteure de Conseils d'amie pour famille épanouie suggère plutôt de miser sur le renforcement positif en mettant l'accent sur la fierté du travail bien fait, et ce, tout au long de l'année. Impliquez-vous, dit-elle, jouez en famille, amenez vos enfants à la bibliothèque. En gros, «ajouter du plaisir» à leurs apprentissages, conseille-t-elle.