Les surplus des garderies scolaires peuvent être récupérés par les écoles et utilisés à d'autres fins, confirme Québec. « Les services de garde en milieu scolaire doivent s'autofinancer, indique Pascal Ouellet, responsable des relations de presse au ministère de l'Éducation. Les surplus ou déficits générés par ces services peuvent être administrés de différentes façons, qui dépendent du mode de gestion budgétaire de chacune des commissions scolaires. »

Cela dérange Mathieu Drouin, de Longueuil, dont le fils de 6 ans fréquente un service de garde. « Nous payons déjà pour un système d'éducation, dit-il. Si le système est sous-financé, trouvez des solutions - coupes ou plus d'impôts - mais ne camouflez pas le problème avec des surcharges additionnelles à gauche et à droite. »

D'autant qu'envoyer son enfant au service de garde est plus une nécessité qu'un luxe. Le fils de M. Drouin va en classe de 8 h à... 14 h 23. Sa journée finit beaucoup trop tôt pour que ses parents prennent la relève. « Les écoles ont des horaires complètement irréalistes pour les familles où les deux parents travaillent à temps plein », constate le papa.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Le coût des services de garde

La fin ne justifie pas les moyens

Résultat: 56 % des enfants fréquentent un service de garde, selon Josée Plante, directrice générale de l'Association des services de garde en milieu scolaire du Québec. Un taux qui est encore plus élevé chez les petits. Si bien que ces garderies rapportent beaucoup de sous aux écoles.

« On ne se le cachera pas: avec les compressions, il y a des directions d'école qui ont besoin de boucler leur budget, observe Mme Plante. Elles doivent, par exemple, payer les tableaux blancs interactifs qu'on installe dans les classes. S'il y a un petit surplus au service de garde, elles s'en servent. Le technicien du service de garde finit l'année avec 5000 $, 6000 $, 7000 $, il pense acheter des chaises ou des nouveaux jeux. Puis, du jour au lendemain, le compte est à zéro, l'argent est utilisé par la direction. C'est inéquitable: un parent qui envoie son enfant au service de garde finance l'école, contrairement à celui qui ne l'envoie pas. »

« Si c'est vrai qu'on utilise les surplus à d'autres fins que le service de garde, nous serons en très grande colère, réagit Lyne Deschamps, directrice générale par intérim de la Fédération des comités de parents du Québec. C'est l'argent des parents, essentiellement. » À partir de cette rentrée, les familles paient 8 $ par jour pour envoyer un enfant au service de garde, tandis que le ministère de l'Éducation donne une subvention moindre, de 2,22 $ à 4,13 $ par jour, selon le nombre d'enfants inscrits.

Personne n'accuse les directeurs d'école de piger dans les surplus pour rénover leur cuisine. L'argent sert à payer des dépenses légitimes. « Mais ce n'est pas supposé servir à financer l'école, le service de garde, s'insurge Mme Deschamps. La fin ne justifie pas les moyens. »

Le Ministère avare de détails

Combien de services de garde ont fait des surplus en 2014-2015? De combien de dollars? « Il faut s'adresser aux commissions scolaires pour obtenir cette information », répond M. Ouellet, du ministère de l'Éducation.

La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) minimise l'importance de ces surplus. « Ce n'est pas vrai que les services de garde engendraient des surplus faramineux, soutient Caroline Lemieux, attachée de presse de la Fédération. Les gens essaient d'avoir un coussin, c'est un principe de bonne gestion. »

N'est-il pas vrai que les écoles peuvent utiliser ces surplus? « Que ce soit remis dans le budget de l'école, ça se peut, convient Mme Lemieux. Mais ça ne sert pas à embaucher un enseignant de plus, par exemple. La gestion varie d'une commission scolaire à l'autre: il y en a qui laissaient les surplus dans les services de garde, d'autres où c'est centralisé au niveau de l'école ou de la commission scolaire. »

Solutions proposées

Heureusement, il existe des solutions, proposées par l'Association des services de garde en milieu scolaire du Québec: rendre obligatoire la création de comités de parents utilisateurs du service de garde, dans chaque école. Et exiger une reddition de comptes détaillée. « On demande que ce soit plus transparent, plaide Mme Plante. Si le service de garde est déficitaire ou en surplus, il faut que les parents en soient conscients. »

PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE

«Un parent qui envoie son enfant au service de garde finance l'école, contrairement à celui qui ne l'envoie pas», dénonce Josée Plante, directrice générale de l'Association des services de garde en milieu scolaire du Québec.