Michel et Chantal sont un peu confus, car un mélange de toutes sortes d'émotions les envahit présentement : leur dernier enfant vient de quitter le nid familial pour s'établir en appartement! Ils sont à la fois nostalgiques, tristes, inquiets, fiers, excités, heureux et remplis d'un étrange sentiment de liberté. Ils redeviennent en quelque sorte un couple sans enfants. Ils décident de célébrer cette nouvelle étape de leur vie en se gâtant au resto. Évidemment, durant ce souper, ils réfléchissent ensemble aux difficultés et aux bonheurs que leur a apportés leur rôle de parents, qu'ils continueront à remplir jusqu'à la fin de leurs jours, en se souciant de leurs enfants devenus adultes.

Nombreux sont les parents qui, lors d'une crise de leur enfant au centre commercial ou quand leur ado leur fait de «l'attitude», se surprennent à avoir hâte que cet enfant soit grand et qu'il quitte la maison. Pourtant, lorsque cette étape arrive, ils sont aussi nombreux à trouver que le temps a passé bien trop vite. Ils ont parfois le syndrome du nid vide : un mélange de tristesse, de mélancolie et de nostalgie qui peut accompagner le bonheur de se retrouver à deux, dans une intimité comparable à celle des débuts de leur couple.

Évidemment, lorsqu'on en fait le bilan, le rôle de parent comporte son lot de défis et d'obstacles : il faut tenter de concilier travail et famille. On doit faire des efforts pour arriver à un équilibre entre discipline et amour inconditionnel. De plus, il faut savoir s'adapter à chaque étape du développement de chacun de nos enfants, qui sont tous différents. Cela demande de se remettre régulièrement en question. Et chaque étape a ses difficultés : les nuits interrompues ou écourtées des premiers mois, les crises au centre commercial, les difficultés scolaires, l'attitude parfois difficile des ados, les inquiétudes lorsqu'ils commencent à sortir tard le soir ou à conduire une voiture, leur choix de carrière...

Heureusement, une majorité de parents estiment que ce rôle leur apporte surtout des expériences positives et magiques : la naissance d'un petit être vivant, ses premiers rires aux éclats, ses premiers pas, le premier but au soccer, la rentrée à l'école, les graduations, voir sa joie lors d'un congé forcé à cause d'une tempête de neige, revivre la magie de Noël grâce à lui. Plus tard, durant l'adolescence, il nous tient au courant de la culture populaire et nous remet en contact avec l'idéalisme typique des jeunes. Sans compter qu'avoir un enfant aide souvent à redonner un sens à notre vie : soudainement, faire attention à nous devient plus important. On ne peut pas mourir et l'abandonner! Enfin, lorsqu'il imite nos défauts, on peut s'apercevoir qu'être parent nous force à devenir de meilleurs êtres humains.

Finalement, je crois qu'être parent est le rôle le plus difficile, le plus important et le plus beau que quelqu'une puisse avoir dans sa vie. Il s'agit de procurer chaleur, amour et sécurité à un petit être, pour ensuite l'élever de manière à ce qu'il devienne un adulte responsable et épanoui. C'est un rôle qui nous ramène constamment au fait que nous ne sommes que de simples humains, car aucun parent n'est parfait. C'est le défi de l'encadrer pour le protéger et lui apprendre à vivre en société, tout en permettant à sa personnalité unique d'émerger et de le laisser faire éventuellement ses propres choix. C'est penser un peu moins à soi pour veiller au bien-être d'un autre. C'est d'accepter de se soucier de cette personne, même après son départ de la maison familiale, jusqu'à notre mort.

Le mot de la fin

Chers lecteurs,

Il s'agissait de ma dernière chronique. Ce fut un réel plaisir de vous parler de famille et de psychologie de l'enfance et de l'adolescence durant toutes ces années. Je vous remercie pour l'intérêt que vous avez partagé avec moi pour ces sujets passionnants. J'espère pouvoir éventuellement continuer de vous informer par d'autres moyens.

Que votre vie familiale soit des plus heureuses!