Caroline et Michel sont à l'hôpital et admirent leur nouveau poupon. Ils ont reçu de nombreux cadeaux et de nombreuses cartes de souhaits. Michel se met à lire les messages dans les cartes et se met à réfléchir. Il se tourne vers Caroline en lui posant cette question : «Nous venons de donner la vie à un être humain! C'est très important... Si nous ne pouvions faire qu'un seul voeu pour lui, qu'est-ce que cela devrait être?» Amusée, Caroline se met à penser à ses parents qui souhaitaient bien son bonheur, mais qui avaient un peu tendance à lui imposer leurs propres façons de l'atteindre : étudier à l'université, être indépendante, se marier, avoir des enfants... Pour elle, ces façons d'atteindre un certain bien-être ont bien fonctionné, car elle avait le profil pour suivre ce parcours, mais ce n'est pas tout le monde qui est fait pour ce genre de vie. Alors, sans hésiter une seconde de plus, elle répond à Michel : «Je souhaite que notre fils trouve son bonheur à sa façon, qu'il soit heureux en faisant de bons choix. Je m'engage à lui enseigner comment prendre de bonnes décisions, mais sans les prendre à sa place.» Ému, Michel embrasse sa femme et se dit que jamais une carte de voeux ne pourrait souhaiter une si belle chose à un nouveau-né... du bonheur sur mesure!

Quand on donne la vie, on veut souvent donner aussi le bonheur de vivre! Mais comment y parvenir? En cette époque où les compagnies pharmaceutiques font des millions avec la vente d'antidépresseurs et où être pessimiste (ou cynique) est con­fondu avec être réaliste et intelligent, comment faire en sorte que nos enfants développent des habiletés leur permettant d'être le plus heureux possible? En ce début d'année, au lieu de prendre toutes sortes de résolutions plus farfelues les unes que les autres, qui risquent de toute façon de nous faire aboutir à un sentiment d'échec dans trois mois, pourquoi ne pas plutôt s'attarder à cette question?

Durant la période des Fêtes, un bon ami m'a donné un livre s'intitulant Happiness - Le grand livre du bonheur (aux Éditions de l'Homme), que j'ai commencé à lire. Il s'agit en fait d'un recueil de textes. Leo Bormans, rédacteur en chef de ce recueil et lui-même spécialiste de l'optimisme, a demandé à une centaine de chercheurs du monde entier de résumer les résultats de leurs études sur le bonheur et leurs conseils en des textes de moins de 1000 mots. Je n'ai pas encore terminé ce livre, mais un des textes qu'il contient m'a beaucoup fait réfléchir sur le rôle des parents...

Selon Sonja Lyubomirski, chercheuse en psychologie sociale qui mène des études sur le bonheur depuis 20 ans, 50% de notre capacité au bonheur est déterminée par un niveau de base naturel de bonheur. Autrement dit, certains d'entre nous naissent en étant génétiquement doués pour le bonheur, alors que d'autres le sont moins. Un autre 10% de notre capacité au bonheur serait lié aux circonstances de notre vie, sur lesquelles nous n'avons que peu de contrôle. Enfin, les 40% qui restent dépendent de nous, des efforts que nous mettons pour contrôler nos comportements, nos attitudes et nos prises de décisions de façon à être heureux.

Si ce que cette savante dit est vrai, je crois que cela signifie qu'en tant que parents, nous avons la responsabilité d'enseigner à nos enfants comment gérer ce 40% afin de maximiser leur capacité au bonheur. Comment cela peut-il s'enseigner? Par une multitude de petits gestes :

-à chaque routine du dodo, faire un bilan de la journée en faisant ressortir le positif;

-prendre conscience (à voix haute, devant les enfants) de ce qu'on a;

-quand notre enfant ressent de la jalousie par rapport à une autre enfant, on peut lui demander de se fixer des objectifs, de réfléchir aux façons de les atteindre et de se demander s'il est prêt à faire les sacrifices nécessaires. Si la réponse est non, c'est que tout compte fait, il préfère sa situation et qu'il n'a pas à être jaloux;

-quand il grandit et qu'il prend de la maturité, on peut lui enseigner à réfléchir aux conséquences possibles de ses choix;

-on peut agir en tant que modèle en se montrant flexible par rapport à ce que la vie met devant nous, les obstacles comme les occasions.

J'en oublie sûrement plusieurs, mais pour résumer, disons que nous sommes tous responsables de notre bonheur et enseigner ce principe à nos enfants est un immense cadeau à leur faire pour la vie.