Rebecca est une mère monoparentale qui vit avec son fils de 7 ans, Maxime. Ce dernier a de légers problèmes de comportement, qui lui causent des soucis à l'école et dans sa relation avec sa mère. L'employeur de Rebecca se vante d'avoir développé une bonne politique de conciliation travail-famille au sein de son entreprise : congés parentaux, horaires flexibles, congés pour raisons familiales, possibilité de télétravail et programme d'aide aux employés. Il est vrai que lorsqu'elle se compare à plusieurs de ses amies, elle réalise qu'elle jouit de conditions de travail qui facilitent son rôle de mère. Mais tout de même, en étant monoparentale, isolée de sa famille rapprochée, habitant en région et avec un fils qui a des problèmes de comportement, elle se sent parfois submergée. Elle remarque que lorsque son fils passe une mauvaise journée, son travail s'en ressent le lendemain. Préoccupée, elle est moins concentrée et moins productive. De même, lorsqu'elle vit plus de stress au bureau, elle est moins patiente à la maison, ce qui a des répercussions sur sa relation avec son fils.

Pas de barrière étanche

Dans un monde idéal, il y aurait une barrière étanche entre le travail et la famille. Cette barrière nous aiderait à garder les problèmes du travail au bureau, et les problèmes familiaux dans la famille. Malheureusement, tous les travailleurs, qui sont aussi des parents, savent bien que ces deux sphères de leur vie ont des frontières perméables aux émotions. Quand tout va bien dans les deux domaines, il est plus facile de bien les gérer et de ne pas les mélanger. Mais quand une des deux sphères fonctionne mal, l'autre sphère en subit des impacts.

Si les choses sont ainsi, c'est tout simplement parce que nous sommes des êtres humains et que nous avons un coeur et des émotions. C'est très bien ainsi. Je ne voudrais pas vivre dans un monde de robots dépourvus d'émotions !

Dans le monde du travail, les choses évoluent lentement, mais sûrement. De nombreuses entreprises se dotent maintenant de politique de conciliation travail-famille, en permettant à leurs employés d'avoir des horaires de travail flexible, les congés parentaux ou de faire du télétravail (travail à la maison). Ces initiatives aident les employés à trouver un équilibre dans leurs rôles professionnels et de parents mais cela n'augmente pas pour autant leurs compétences parentales. Malgré toute la flexibilité que son employeur lui manifestera, si un employé vit des difficultés avec un de ses enfants, ses préoccupations risquent d'affecter son rendement au travail.

Les entreprises les plus innovatrices en matière de conciliation travail-famille offrent plus que des congés et du télétravail à leurs employés. Certaines, dans le cadre d'une politique de santé et mieux-être, offrent des conférences ou des formations sur les habiletés parentales en milieu de travail. Il y est question de gestion du temps, des besoins des enfants, de la discipline, de la gestion des émotions et de communication.

Ces employeurs ont compris que s'ils offraient des outils à leurs employés pour améliorer leurs habiletés parentales et la qualité de leur vie familiale, leurs soucis et leurs préoccupations diminueraient et leur productivité augmenterait. C'est un peu comme les employeurs qui font installer un gymnase dans leurs locaux, parce qu'ils ont compris que l'exercice physique était une bonne façon de gérer le stress, de socialiser entre collègues et d'augmenter le niveau d'énergie et de concentration des employés.

À court terme, cela implique des coûts pour l'entreprise, mais à long terme, cela apporte plusieurs avantages : fidélité des employés, moins de soucis au bureau, acquisition de compétences autant utiles au travail que dans la famille, cohésion de groupe entre les employés qui sont parents d'enfants du même âge, culture d'entraide et de soutien, augmentation du sentiment de compétence et de la motivation.

Sans compter tout le bien-être apporté à la famille, aux enfants et aux parents, qui se sentent plus compétents.

Bref, les employés qui sont parents sont un peu comme des jongleurs qui doivent manipuler plusieurs balles, dont celle leur emploi et celle de leur rôle de parent. L'employeur a le choix entre augmenter le poids de la balle du travail en ne tenant pas compte que son employé a d'autres balles avec lesquelles jongler ou encore de lui donner une formation et des outils pour devenir un meilleur jongleur ! Peut-être qu'avec cette deuxième option, c'est l'employé lui-même qui, motivé par un plus grand sentiment de compétence, demandera à avoir une balle plus grosse pour le travail (c'est-à-dire plus de responsabilités au travail) !