Samuel, deux ans et demi, commence à se montrer parfois agressif envers les autres enfants de la garderie. L'éducatrice dit à la mère qu'il serait temps d'établir une certaine discipline à la maison en ce qui concerne le manque de respect et les comportements violents. Elle lui recommande également d'utiliser le «retrait» dans un coin ou dans la chambre lorsque Samuel fait mal à son petit frère. Dès la première occasion, sa mère tente de mettre en application ces bons conseils. Mais, contrairement à ce qu'elle pouvait anticiper, Samuel ne pleure pas et semble indifférent lorsqu'elle le met dans un coin pour deux minutes. Elle se met donc à croire que la technique est inefficace. Pourtant, le père lui fait remarquer qu'après être allé au coin, Samuel fait beaucoup plus attention à son comportement. La mère avoue qu'il a raison, mais elle se demande tout de même si elle ne devrait pas se montrer encore plus sévère.



Nous tenons probablement de nos parents ou de nos grands-parents l'idée qu'une punition doit faire réfléchir ou même faire un peu mal, pour donner une bonne leçon à l'enfant. Ainsi, lorsque l'on met un enfant en retrait et qu'il ne réagit pas en pleurant, certains parents ou intervenants demeurent perplexes et se mettent à parler d'enfant «téflon», insensible aux punitions.

Il existe bel et bien une théorie sur les enfants dits «téflon», et certains enfants qui ont subi une autorité trop écrasante et de la violence peuvent réellement manifester une espèce d'insensibilité aux punitions moins sévères.

Mais il ne faut pas sauter trop rapidement à ce genre de conclusion quand un enfant ne pleure pas lorsqu'il est puni ou mis en retrait. En fait, cela peut simplement signifier qu'il n'est pas trop émotif, ou encore que la punition le prend tellement par surprise qu'il ne sait pas trop comment réagir. Cela peut également être un signe qu'il est confiant et qu'il sait que son parent l'aime, malgré la punition. Le fait que l'enfant ne pleure pas peut également permettre de croire que la punition est à juste dose, pas trop répulsive ou traumatisante, et que le parent l'impose de façon rationnelle plutôt qu'émotive (ex. : sans crier ou démontrer trop de colère).

De toute façon, le but d'un retrait n'est pas de faire pleurer l'enfant. Au contraire! Si l'enfant est en crise, le but du retrait est de l'aider à se calmer. Le retrait permet également de ne pas donner d'attention à un mauvais comportement et de faire un arrêt d'agir si l'enfant se montre agressif.

Donner une «conséquence» devrait également avoir pour but de responsabiliser l'enfant en lui demandant de «réparer» ce qu'il a fait de répréhensible. L'époque où punir un enfant signifiait de lui faire mal ou de le faire pleurer est révolue... ou, du moins, elle devrait l'être!

Si, après un retrait, l'enfant est capable de reconnaître sa faute, de comprendre le comportement qu'il devrait adopter en remplacement de celui qui lui a mérité le retrait et qu'il y a ensuite eu une période de temps significative avant que le mauvais comportement ne réapparaisse, il est possible que le retrait ait eu l'effet escompté, même s'il n'a pas provoqué de larmes.

Alors, si vous donnez une conséquence à votre enfant et qu'il ne pleure pas, cherchez à savoir ce qu'il a retenu de cette conséquence, avant de conclure qu'il est insensible. Qui sait, peut-être est-il simplement orgueilleux et qu'il tente en fait de cacher une grande sensibilité. Dans ce cas, devenir plus sévère ou le traiter d'insensible serait la pire chose à faire.