Depuis le début de la première année, Jérémie vit de nombreux échecs scolaires. Il est présentement en deuxième année. Après avoir fait plusieurs démarches d'évaluation auprès de différents professionnels, on apprend à ses parents qu'il souffre d'un trouble d'apprentissage.

Les parents sont tristes, mais en même temps, ils se disent qu'en connaissant la cause de ses difficultés, peut-être que plus de solutions s'offriront à eux. Ils s'inquiètent surtout de l'effet des échecs à répétition sur l'estime de soi de leur fils. Il pleure quelques fois durant l'heure des devoirs en disant : «Je ne suis pas capable.» Ces moments arrachent le coeur de ses parents, qui tentent du mieux qu'ils peuvent de l'encourager à continuer de faire des efforts. Mais parfois, Jérémie a l'impression que les efforts ne donnent rien. Son découragement l'amène parfois à être impatient et irritable, ce qui a un effet sur la vie familiale. Ses parents se disent qu'au-delà de l'aider à mieux réussir à l'école, il faudra probablement l'aider à reprendre confiance en lui... et confiance en la vie.

Parfois, quand un enfant vit des échecs à répétition, il est possible qu'il souffre d'un trouble d'apprentissage tel que la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, le trouble d'audition centrale, etc. Le processus entre les premiers échecs de l'enfant et la fin des démarches d'évaluation qui permettent d'identifier le trouble d'apprentissage est souvent difficile et angoissant pour les enfants et leurs parents. Mais même si ce processus est difficile, mieux vaut dépister assez tôt le trouble d'apprentissage afin d'offrir rapidement une aide personnalisée à l'enfant et ainsi éviter une répétition d'échecs qui affectera son estime de soi...

Car effectivement, ne pas réussir à l'école peut amener un enfant à perdre confiance en ses capacités, à croire qu'il n'est bon à rien ou même stupide. Lorsqu'elle perdure, une telle perte d'estime de soi peut même mener à un état dépressif, à des problèmes de comportement ou éventuellement au décrochage scolaire.

Or, un enfant qui souffre d'un trouble d'apprentissage peut avoir de nombreux talents et être très intelligent!

Un trouble d'apprentissage non identifié chez un enfant, qui ne reçoit alors pas une aide adaptée, peut l'amener à ne plus être conscient de ses capacités. Il est donc important de tenter par tous les moyens de protéger l'estime de soi de ces jeunes et de leur offrir des services adaptés à leurs besoins le plus tôt possible dans leur «carrière» scolaire... ils peuvent avoir beaucoup de potentiel et réussir dans la vie.

Heureusement, il existe une excellente ressource pour les enfants et les adultes qui vivent avec un trouble d'apprentissage, ainsi que pour les professionnels qui travaillent auprès de cette clientèle (enseignants, orthopédagogues, psychologues...). Il s'agit de l'Association québécoise des troubles d'apprentissage (AQETA), qui tenait d'ailleurs son 35e congrès annuel cette semaine (entre le 24 et le 26 mars) à Montréal. L'AQETA se donne comme mission de faire connaître et de défendre les droits des personnes qui vivent avec un trouble d'apprentissage. Elle vise tout particulièrement à soutenir les parents dans leurs démarches pour leur enfant. Avec l'aide de divers organismes locaux dans les différentes régions du Québec (ex. : centres de santé et de services sociaux, commissions scolaires), elle offre plusieurs services fort précieux pour les familles tels que des programmes d'entraide et de dépistage d'enfants à risque dans les garderies.

Je vous parle de cette association parce que je donnais une conférence sur l'estime de soi dans le cadre de son congrès cette semaine et j'ai été très touchée d'entendre les témoignages des parents et des intervenants qui tentent de soutenir ces enfants. Malgré le fait que je ne sois pas experte des troubles d'apprentissage, les participants étaient avides de recueillir le plus d'informations possible sur le thème de ma conférence, l'estime de soi. Voilà donc un signe que lorsqu'un trouble d'apprentissage a été identifié chez un enfant et que des services appropriés lui sont offerts, une grande étape reste encore à franchir... reconstruire son estime de soi, qui a souvent été fragilisée, afin qu'il puisse à nouveau foncer dans la vie, relever des défis et bien vivre au quotidien malgré ses difficultés. Cela demande le soutien des parents, des intervenants, des enseignants, la possibilité de vivre à nouveau des succès, beaucoup de valorisation et surtout... beaucoup de patience et d'amour!

Association québécoise des troubles d'apprentissage

www.aqeta.qc.ca