Mélanie laisse son fils Malik (deux ans) à la garderie pour la première fois de sa vie. Malgré le fait qu'elle se sente en confiance avec l'éducatrice, elle quitte son fils avec un sentiment de culpabilité et beaucoup d'angoisse. Évidemment, Malik se sent insécurisé par l'air anxieux de sa mère et il se met à pleurer.

Mélanie, voyant son fils pleurer, devient encore plus anxieuse et cherche à le réconforter, jusqu'à ce que l'éducatrice lui demande de partir en la rassurant qu'elle prendra la situation en main et que tout ira bien. Inutile de dire que la première journée de travail de Mélanie, après un long congé de maternité, n'a pas été très productive. Elle s'est inquiétée de l'état de crise dans lequel elle a laissé son bambin. À sa grande surprise, lorsqu'elle retourne le chercher à la fin de la journée, l'éducatrice lui apprend qu'après son départ, la crise n'a duré que deux minutes, et que Malik s'est amusé comme un petit fou toute la journée.

Les enfants, détectent très facilement les émotions de leurs parents. Comme dans l'exemple mentionné ci-dessus, lorsqu'un parent se sent coupable et anxieux de laisser son enfant à la garderie, il est possible que l'enfant perçoive ses émotions et que cela lui cause de la détresse. Pensez-y : si la personne qui représente votre sécurité semble anxieuse, il y a de quoi devenir soi-même anxieux. Ironiquement, dans le cas de Mélanie, la détresse de son enfant lui confirmait faussement que quelque chose n'allait pas, ce qui augmentait d'autant plus son anxiété initiale... celle-là même qui était à la source de la détresse de son enfant! C'est tout un cercle vicieux!

Donc, un parent calme et rationnel contribue à protéger son enfant d'un sentiment d'insécurité. Est-ce que cela veut dire qu'il ne faut jamais avoir d'émotions négatives? Faut-il agir comme des robots? Cacher nos peines, nos colères, nos peurs? Pas vraiment... Je vous dirais qu'un être humain fera un bien meilleur parent qu'un robot... En tout cas, il sera beaucoup plus chaleureux!

L'idéal pour un enfant, c'est que son parent soit un modèle de gestion saine des émotions. Un parent s'inquiète et se ronge les ongles devant son enfant? Ce n'est pas si grave si devant l'enfant, il se raisonne et s'il s'oriente ensuite vers des solutions au lieu de seulement ruminer des inquiétudes. Un parent perd patience et élève la voix... est-ce que son enfant sera traumatisé jusqu'à la fin de ses jours? Pas vraiment si le parent reconnaît qu'il s'est emporté, s'il s'excuse pour ensuite affirmer respectueusement ce qui l'a frustré, et s'il propose des solutions pour éviter que cet irritant ne survienne de nouveau. Une situation attriste un parent et il verse une larme devant son enfant? Ce n'est pas la fin du monde si le parent accepte cette émotion avec sérénité, s'il dit à son enfant qu'il a de la peine, s'il le rassure en lui disant de ne pas s'en faire, car il s'en remettra.

Bref, il est préférable de ne pas vivre trop d'émotions intenses et négatives devant vos enfants si vous ne voulez pas les stresser... Mais personne ne vous demande d'être parfait! Je vous dirais même qu'il serait malsain d'envoyer un faux message aux enfants en leur montrant que papa et maman n'ont jamais d'émotions négatives... Au contraire, il faut montrer aux enfants qu'il est normal d'avoir des émotions négatives que lorsqu'elles surviennent nous devons les accepter, les verbaliser pour ensuite les gérer adéquatement.