Jérémie, 14 ans, demande régulièrement à ses parents la permission de sortir avec ses copains les soirs de fin de semaine. Évidemment, ces demandes impliquent de renégocier très souvent le couvre-feu imposé par ses parents.

Généralement, Jérémie est assez raisonnable et se conforme aux consignes de ses parents. Toutefois, il arrive que les discussions sur le couvre-feu mènent à des conflits, ou encore que Jérémie manifeste son indépendance grandissante en arrivant à la maison avec quelques minutes de retard. C'est qu'il a des amis un peu plus vieux que lui, qui commencent à le trouver rabat-joie lorsqu'il est le premier du groupe à rentrer à la maison. Ses parents se demandent s'ils sont trop sévères. Ils se questionnent également sur la façon de faire des autres parents. En fait, lorsqu'ils imposent un couvre-feu que Jérémie conteste, ils ont l'impression de brimer leur enfant. Mais, en même temps, ils sentent qu'il n'est pas encore assez mature pour le laisser faire tout ce qu'il veut. Il a encore besoin d'un peu d'encadrement. De plus, ils ne peuvent pas dormir tant qu'il n'est pas rentré. Le couvre-feu les aide donc à gérer leur insomnie!

L'adolescence représente une période de la vie durant laquelle notre enfant a besoin de se détacher de nous, de prouver qu'il est différent et indépendant, bref, qu'il est une personne à part entière! Pour y arriver, de nombreux adolescents délaisseront peu à peu les activités familiales ou les soirées cinéma maison avec papa et maman pour s'orienter vers les sorties entre copains. Cette réalité amène les parents à devoir imposer certaines règles.

Liberté

En effet, même si en grandissant, les adolescents ont besoin de plus en plus de liberté, ils ont encore besoin d'encadrement. Les parents doivent encore les protéger de certains dangers et leur faire respecter des règles de cohabitation (ex. : participer aux tâches ménagères). Le couvre-feu fait partie des moyens dont disposent les parents pour encadrer leur ado, mais il s'agit d'une règle qu'on doit réviser au fur et à mesure que notre ado grandit et selon les situations et le type de sorties qu'il fait.

Donc, pour être efficace, le couvre-feu nécessite beaucoup de jugement, de capacité d'écoute et de négociation de la part des parents. C'est pour cette raison qu'il peut parfois être si compliqué : parfois on se trompe et on est trop sévère ou pas assez, parfois il exige de longues discussions avec notre ado, parfois notre ado le respecte, parfois il arrive un peu en retard...

Vous vous doutez bien que les couvre-feux qu'on lui impose à 13 ans ne seront pas les mêmes que ceux qui lui seront imposés à 17 ans! De même, l'heure de rentrée pourrait être différente selon s'il se rend à un endroit au centre-ville, ou s'il va veiller chez des amis dont nous connaissons les parents.

Le couvre-feu peut également changer selon la capacité de l'adolescent à respecter certaines conditions qui assureront la confiance de ses parents en lui. Par exemple, si l'ado respecte la consigne d'appeler ses parents à un ou deux moments dans la soirée pour indiquer où il se trouve et quels sont ses plans, ou encore s'il les appelle pour les aviser qu'il change d'endroit, les parents pourraient être tenter l'élargir les limites... et avec raison! L'adolescent doit percevoir que plus il se montre responsable, plus il gagne en liberté.

Il existe également certains moyens pour les parents de prendre une «pause» des réflexions et des discussions qu'exige le couvre-feu. Par exemple, en permettant à notre ado de recevoir ses amis chez lui et en rendant ces occasions confortables et agréables pour lui, notre ado pourrait être moins tenté de sortir constamment de la maison. Rendre ces occasions confortables et agréables peut signifier de céder une pièce de la maison (ex. : sous-sol) et de se montrer chaleureux sans être intrusif. Par exemple, on peut saluer les amis et avoir une brève discussion avec eux à leur arrivée, pour ensuite leur laisser l'intimité du sous-sol jusqu'à leur départ de la maison.

Bref, les parents doivent maintenir les limites dans leur zone de confort en imposant le couvre-feu selon leur bon jugement, mais tout en manifestant une compréhension du désir de l'ado d'être souvent et longtemps avec ses amis. Il ne faut pas oublier qu'un ado qui se sent écouté et compris est un ado moins frustré, même s'il n'a pas tout ce qu'il veut et qu'il est encore encadré.