Tristan a maintenant quatre ans, et ses parents, Mathieu et Anne-Marie, se sont séparés il y a environ un an. Parce que l'emploi de Mathieu l'amène à voyager beaucoup, il a été convenu qu'Anne-Marie aurait la garde de Tristan, et que ce dernier pourrait visiter son père une fin de semaine sur deux. Mathieu et Tristan s'ennuient beaucoup l'un de l'autre, mais quand arrive la fin de semaine chez papa, c'est comme des vacances... en fait, c'est le party! Pour s'assurer que le peu de temps qu'il passe avec son fils soit au moins très positif, Mathieu ne lui impose que très peu de limites. Il le laisse se coucher très tard, manger des bonbons, sauter sur le lit... au grand désespoir d'Anne-Marie, qui se retrouve avec le «mauvais rôle» d'encadrer, de mettre des limites, de faire faire les devoirs, et de faire respecter une routine stable à Tristan. Quand son fils revient chez elle, il a la mine de quelqu'un qui revient d'une semaine de vacances au soleil... en pleine tempête de neige! Pour Tristan, si aller chez son père se compare à des vacances, retourner chez sa mère se compare à un triste retour à la réalité. Il est marabout les deux ou trois premiers jours chez elle, puis il s'adapte et finit par accepter sa routine. Cette situation irrite Anne-Marie, mais elle veut limiter les conflits avec Mathieu, car elle comprend tout de même qu'il puisse s'ennuyer de son fils.

Le phénomène des papas ou des mamans de fin de semaine se trouve dans bien des familles où les parents sont séparés et l'un d'eux a la garde complète, tandis que l'autre voit l'enfant une fin de semaine sur deux.

Lorsque nous sommes à l'extérieur de la situation, nous avons assez de recul pour comprendre facilement les deux parents :

° Il est normal que le parent qui s'est ennuyé pendant deux semaines ait envie que le peu de temps dont il dispose avec son enfant soit positif. Lorsque ce désir d'avoir une fin de semaine sans tache ou sans conflit est très fort, cela empêche ce parent d'encadrer l'enfant.

° Il est également normal que l'autre parent soit attristé de constater que son enfant est déçu de retourner chez lui. L'enfant peut parfois arriver chez lui en contestant les limites... ce qui occasionne des conflits, du moins pour les premiers jours après son retour chez ce parent.

Mais, au-delà de comprendre la position des deux parents, il faut également tenter de comprendre l'enfant. Quel manque de stabilité! Quel effet négatif sur sa relation avec le parent chez qui il vit la majeure partie de son temps!

Afin de diminuer ces effets négatifs dans la vie de l'enfant, il est important que chaque parent fasse l'effort de comprendre la position de l'autre parent et que tous les deux tentent de trouver des solutions ensemble. À titre d'exemple, pour limiter l'ennui du parent qui n'a pas la garde, il est possible de «couper le temps en deux» avec un souper chez ce parent au milieu des deux semaines. De plus, avec une bonne communication entre les parents, il est possible de s'entendre sur un minimum règles que le parent qui n'a pas la garde s'engage à respecter. Par exemple, si Mathieu a envie d'être plus flexible à propos de l'heure du coucher, il peut tout de même mettre une limite. Ainsi, Tristan peut avoir le privilège de se coucher un peu plus tard que le traditionnel 19h30 qu'il doit respecter durant la semaine, sans toutefois se coucher au petit matin! Autrement dit, Mathieu peut être un peu «papa gâteau», tout en offrant un minimum de structure.

Et qu'est-ce qui empêche l'autre parent d'avoir du plaisir avec son enfant durant sa fin de semaine avec lui? Le parent qui a la garde a, lui aussi, une fin de semaine sur deux avec son enfant. Il peut donc, lui aussi, se montrer un peu plus flexible durant la fin de semaine, comparativement à la semaine. Il peut, lui aussi, planifier du temps pour avoir du plaisir avec son enfant et non pas seulement avoir le rôle du parent «encadrant».

Ainsi, si les deux parents se concertent et font de petits efforts chacun de leur côté pour s'approcher d'un certain équilibre, l'enfant fera la distinction entre la semaine et la fin de semaine, plutôt que de faire la différence entre papa et maman.