Laurence, 12 ans, vient de commencer le secondaire. Elle se fait de nouvelles amies avec qui elle passe la plupart de ses temps libres.

Laurence commence à remarquer que les parents de ses amies n'imposent pas nécessairement les mêmes exigences et les mêmes limites que ses parents. Aussi, Laurence utilise souvent cet argument lorsque ses parents refusent de lui accorder une permission : «Vous êtes poches, mes amis ont le droit, eux!» Lorsqu'elle leur lance cette phrase, ses parents restent bouche bée et ne savent plus comment réagir. Ils se demandent s'ils devraient réviser leurs limites, ou s'ils ne devraient pas plutôt dire à Laurence que cet argument ne tient pas la route et qu'elle devra respecter leur cadre.Même si nous voulons projeter une image de confiance en nos compétences parentales devant nos enfants, cet argument - mes amis ont le droit, eux - vient souvent semer un doute dans notre esprit... «Et si nous étions trop sévères, et si les autres parents avaient raison?» À la préadolescence ou au début de l'adolescence, il est normal que les enfants commencent à remarquer les différences entre les attentes et les limites des parents des autres et celles de leurs propres parents. Parfois, ça leur sert de prétexte pour critiquer les limites et argumenter, afin d'obtenir plus de privilèges ou de liberté.

Mais comment réagir lorsque notre ado se met à nous comparer aux parents de ses amis? D'abord et avant tout, il faut éviter une autorité écrasante, par exemple en disant : «Je me fous des autres parents, c'est moi qui décide des limites que tu dois respecter.» Il est préférable de désarmer votre ado en lui disant que vous réalisez qu'il commence à remarquer les différences entre les fonctionnements de différentes familles. Il est également important de valider son émotion en lui disant qu'il est normal qu'il sente que la situation est injuste. En voyant que vous êtes à son écoute, il se calmera et cessera de se braquer contre vous.

Pour l'aider à comprendre votre position, demandez-lui de vous parler d'une situation où il aurait vu un de ses amis ou un camarade de classe faire un comportement que lui ne ferait jamais (par exemple, envoyer promener son professeur). Faites ensuite le parallèle avec votre situation : il y a des décisions que certains parents prennent, que vous, vous ne prendriez jamais. Puis, expliquez vos motivations qui se cachent derrière les limites que vous lui imposez (ex. : sécurité de l'enfant, évitement des risques que vous anticipez).

Même si vous ne pouvez satisfaire la demande de privilèges ou de liberté de votre enfant, tentez de reconnaître le besoin qui se cache derrière sa demande et tentez de trouver une autre façon de satisfaire totalement ou au moins partiellement ce besoin. Tentez d'être logique, rationnel, de montrer que vous êtes à l'écoute et que vous tenterez un compromis (une situation gagnant-gagnant).

Enfin, dites à votre enfant que vous êtes content d'avoir eu cette discussion avec lui et que cela vous permet de mieux comprendre ses besoins. Faites-lui comprendre que les changements qu'il vit vous demandent une adaptation à vous aussi. Avisez-le que lorsqu'il vous fera la demande d'une nouvelle permission, vous pourriez avoir besoin d'un certain temps pour réfléchir ou discuter entre parents avant de donner votre verdict.

Si, malgré votre écoute, votre bonne foi et votre désir de tenter un compromis, vous ne pouvez satisfaire la demande de votre enfant parce qu'elle est complètement irraisonnable, assumez votre décision malgré sa frustration. Dites-vous que votre rôle de parent, c'est aussi d'être parfois rabat-joie ou fatigant... pourvu que ce soit pour le bien de votre enfant et non dans le but de gagner une guerre de pouvoir!