Virginie, 14 ans, rentre de l'école en claquant la porte... elle n'est pas de bonne humeur! Sa mè­re lui demande ce qui s'est passé. Virginie lui explique qu'elle s'est disputée avec sa meilleure amie. Cette dernière aurait dit au plus beau garçon de l'école qu'elle avait le béguin pour lui, alors qu'elle lui avait formellement interdit de le faire. Sa mère, avec un léger sourire aux lèvres tente de la consoler en lui disant que son amie voulait probablement bien faire et qu'elle n'avait pas à se mettre dans tous ces états pour cette raison. Ensuite, pour lui changer les idées, elle lui suggère d'aller magasiner après le souper. Virginie la regarde en lui disant : «tu ne comprends rien», puis se réfugie dans sa chambre en claquant la porte.

Quand nous voulons soutenir quelqu'un qui vit des émotions difficiles, notre but ultime devrait être d'offrir un climat où la personne se sentira libre d'exprimer ses émotions en toute sécurité, sans risque d'être jugée. Parfois, une réponse ou un avis de notre part n'est même pas nécessaire... juste le fait de sentir qu'elle est acceptée avec ses émotions et qu'elle peut les exprimer peut être suffisant pour la personne.En tant que parent, plusieurs de nos réactions «naturelles», qui visent à soutenir nos ados, peuvent avoir l'effet contraire. Souvent, nous tentons simplement d'éliminer les émotions négatives de notre enfant. Par exemple, nous pouvons invalider ou minimiser l'émotion («voyons, ce n'est pas si grave»), nous pouvons excuser la personne avec qui l'ado a eu un conflit (comme la mère de Virginie dans notre exemple), nous pouvons tenter de distraire l'enfant de son émotion en énumérant tout ce qu'il y a de positif dans sa vie ou en lui expliquant comment les choses pourraient être pires. À d'autres moments, nous pouvons avoir tendance à blâmer l'ado en lui disant qu'il est responsable de ce qui est arrivé («je t'avais pourtant dit de faire ceci ou de ne pas faire cela»). D'autres parents qui éprouvent de la difficulté à voir leur enfant souffrir pourraient involontairement l'attaquer en lui disant qu'il ne devrait pas être si faible ou si sensible. Inutile de dire que de telles réactions chez les parents peuvent laisser croire qu'ils ne sont pas prêts à écouter et à accepter les émotions de leur ado, telles qu'il les vit.

D'autres parents, tentent de résoudre le problème à la place de l'adolescent. Ils oublient que leurs enfants doivent vivre leurs émotions pour ensuite tenter de résoudre leurs problèmes eux-mêmes, afin d'en tirer un apprentissage et éventuellement, une plus grande autonomie. Donner son avis ou des solutions «toutes faites» peut faire sentir à l'enfant qu'il est trop stupide ou trop «bébé» pour trouver une solution. Cela lui enlève l'opportunité de se creuser les méninges et d'avoir la fierté d'avoir trouver sa propre solution. Sans le vouloir, on communique ainsi à l'enfant que ses émotions et ses problèmes sont aussi les nôtres. Cela le déresponsabilise, élimine son sens de l'initiative et peut même lui fait sentir qu'il ne sera jamais capable de résoudre ses problèmes sans l'intervention d'un parent.

Est-ce que cela veut dire qu'il faut abandonner nos enfants ou les laisser se débrouil­ler seuls en affichant un air indifférent? OH! Que non!

Lorsqu'un parent désire vraiment soutenir son ado, il doit simplement l'écouter avec un certain détachement, en se disant «son problème n'est pas le mien». Ainsi, en étant moins émotif face aux émotions de son enfant, il est plus facile de pratiquer l'art de l'écoute active, d'accepter ses émotions négatives et de lui permettre de les exprimer librement. Rassurez-vous, votre ado ne restera pas dans cet état émotif jusqu'à la fin de ses jours! En fait, plus il sentira que ses émotions sont acceptées, plus il passera rapidement à un état plus rationnel, lui permettant de s'orienter vers des solutions. À ce moment, votre rôle de parent est de lui poser des questions qui susciteront la réflexion nécessaire à cette recherche de solutions... «Maintenant que tu es plus serein, que comptes-tu faire de cette situation? Si tu lui dis ceci, comment crois-tu qu'elle réagira? Est-ce que tu as réfléchi à d'autres alternatives?» Ainsi vous lui remettez le pouvoir entre les mains... les anglophones appellent ça de l'empowerment... et c'est ce qu'il y a de mieux pour développer la responsabilisation et la confiance en soi.

Bonne rentrée scolaire à tous!