Horreur, des poux! Encore... Pour soulager les parents dépassés, des professionnels proposent d'éradiquer les bestioles à la mitaine sans qu'on ait à passer par la pharmacie. Avec de l'air chaud ou juste  un bon vieux peigne à poux.

«J'ai des clients qui viennent et qui sont pris avec de grosses infestations. Ils rentrent ici et ça grouille», assure Élise Côté, directrice de la Clinique de poux du Canada. Ces petites bêtes ne l'inquiètent pas un instant et elle ne craint pas d'en ramener à la maison après le travail. «Pour être technicienne, il ne faut pas avoir peur des poux», dit Donna Stafford, qui travaille depuis deux ans pour The Lice Crew, un autre salon spécialisé dans l'épouillage.

L'attitude d'Élise Côté se traduit dans son approche. Aux parents en panique, elle conseille d'abord de se calmer. «On manque d'information au sujet des poux, les gens ne savent pas quoi faire, déplore cette ancienne directrice de service de garde. Les poux, ce n'est pas comme les punaises de lit. Ça ne vit pas en dormance dans les murs, ça vit sur la tête des gens.» Loin de ce milieu où il trouve chaleur et nourriture - il se nourrit de sang -, ce parasite vit environ 24 heures.

Ces salons spécialisés dans le traitement de la pédiculose ont fait leur apparition ces dernières années au Canada, en Europe et aux États-Unis. La Clinique de poux du Canada, située dans le nord de Montréal, est l'un d'eux. Ici, Élise Côté n'utilise pas de produits chimiques, mais une technologie américaine baptisée AirAllé, qui consiste à déshydrater les poux et les lentes (les oeufs). Pour ce faire, elle utilise une machine qui pulse de l'air chaud à environ 59 °C sur le cuir chevelu.

Un fin coup de peigne

Les salons de la chaîne The Lice Crew n'utilisent ni produits chimiques ni technologie sophistiquée. Ici, on s'en remet à une technique toute simple: l'épouillage au peigne fin.

«Il n'y a rien de magique là-dedans. Il faut avoir la patience pour peigner, bien peigner, par petites sections», explique Donna Stafford, technicienne à The Lice Crew.

«En faisant le traitement, poursuit-elle, on montre aux parents comment faire, parce que le processus se poursuit à la maison. Il faut peigner les cheveux tous les jours pendant une semaine. On encourage nos clients à revenir ensuite pour qu'on puisse vérifier si tout est parti.»

Dans les deux cas, les techniciennes commencent par un dépistage pour voir si le client - souvent un enfant, puisque le pic d'infestation est à 8-9 ans au Québec, selon la santé publique - a vraiment des poux. Cet examen préliminaire coûte 25 $ dans les deux salons et est déduit du prix total si un traitement est administré par la suite.

«Il y a plus de gens qui viennent et qui n'ont pas de poux que de gens qui en ont. Parce qu'ils paniquent», indique Élise Côté.

Le nerf de la guerre, ce sont les lentes, qui ne sont pas neutralisées aussi efficacement par tous les produits vendus en pharmacie et risquent de relancer l'infestation. «Il faut les enlever et elles sont très collées aux les cheveux», précise Donna Stafford, dont le travail coûte 75 $ de l'heure. «Les lentes, quand vous sortez d'ici, elles sont mortes. Elles ne peuvent pas éclore», assure pour sa part Élise Côté. Son service inclut néanmoins un peignage méticuleux pour les enlever. Ces deux techniques combinées ont un taux d'efficacité de près de 100 %, affirme-t-elle, et l'intervention coûte 185 $ par tête.

L'oeil non initié peut avoir du mal à reconnaître ces petits grains brunâtres souvent situés à environ 5 mm du cuir chevelu et qui peuvent être confondus avec des pellicules. Élise Côté précise que les pellicules sèches ne collent pas au cheveu. 

«On souffle dessus et si ça part, ce ne sont pas des lentes. Les pellicules grasses forment un cylindre collé au cheveu et s'enlèvent avec les doigts. Si ça prend les ongles pour les enlever, ce sont des lentes.»

Un examen maison régulier

Rinda Hartner, chef de l'unité des soins critiques de l'Hôpital de Verdun et collaboratrice de l'Institut national de santé publique sur la question des poux, insiste sur la nécessité d'examiner la tête de son enfant régulièrement. «Un parent pourrait s'habituer dès la maternelle ou même la garderie à passer le peigne fin une fois par semaine», dit-elle.

Elle émet toutefois des réserves quant au traitement à l'air chaud. Pas tant sur son efficacité que sur le risque de brûlure. 

«Même si la température est contrôlée, 59 °C, c'est la température de l'eau chaude dans un chauffe-eau [domestique]. C'est très chaud.»

La technologie AirAllé est approuvée par Santé Canada. Son fabricant, Larada Sciences, reconnaît un «petit risque» de brûlure, mais assure que celui-ci a été minimisé «par des dispositifs de sécurité intégrés» et le fait que sa technologie ne peut être utilisée que par des exploitants certifiés.

L'idée, c'est plutôt d'avoir le bon peigne pour la bonne tête, nuance Rinda Hartner. Le peigne court convient aux cheveux courts. Des dents plus longues conviennent à ceux plus longs. Quant au peigne spiralé (parfois appelé Terminator), elle le réserverait aux chevelures épaisses. «Le plus important, c'est que le peigne ne se passe pas tout seul! insiste toutefois Rinda Hartner. Peu importe celui qu'on a, il faut l'utiliser.»

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Élise Côté, directrice de Clinique de poux du Canada