Limites. Surveillance. Interdits. La gestion de la technologie en famille n'a généralement rien de très réjouissant. Et si, au contraire, on était à quelques textos d'un rapprochement? À une application d'alléger notre quotidien? Voici quelques pistes pour tirer profit des écrans.

Se brancher pour se comprendre

Corinne Gilbert a organisé au fil des années plusieurs rencontres pour discuter de technologie avec les parents. Ces séances d'information prenaient rapidement un ton inquiet, voire moralisateur, a-t-elle toutefois constaté. La conseillère pédagogique a donc eu une idée : et si on invitait les jeunes à participer à ces discussions?

«La dynamique devient vraiment différente ! s'exclame Mme Gilbert. On n'est pas seulement en train de trouver des solutions pour interdire la technologie, mais on trouve soudainement des solutions pour s'en servir parce que les jeunes nous expliquent quelle est leur réalité.»

Aujourd'hui directrice des services pédagogiques du Juvénat Notre-Dame, une école secondaire de Lévis, elle est à la barre de l'événement Parents branchés, famille futée. Le 14 avril prochain, des jeunes, des parents et des professionnels de l'enseignement aborderont ensemble la technologie sous un angle positif.

Comme on ne peut pas revenir en arrière, autant faire de la technologie une alliée, insiste l'enseignante de formation: «On a le devoir de nous impliquer dans la vie numérique de nos jeunes comme on le fait dans leur vie en général. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions. Quand on est dans la discussion, et pas toujours dans l'interdiction, la relation de confiance peut s'installer progressivement. Les jeunes sont plus ouverts à ce moment-là.»

Tomber dans la «seen zone»

En matière de technologie, cette ouverture des parents ne risque-t-elle pas de sonner faux? Car il suffit de communiquer par texto avec un adolescent pour réaliser que, bien souvent, les conversations se font à sens unique. Le parent tombe alors dans la «seen zone», une expression qui illustre la frustration de constater que notre message a été lu... sans que le destinataire se donne la peine de répondre. «Même si comme parents on est dans cette "seen zone" souvent et qu'on peut avoir des monologues dans l'univers numérique, au moins on a assumé le bout qui nous appartient», soutient Marius Bourgeoys, conférencier et consultant en éducation.

Lui-même père d'adolescents, il admet en riant que ses textos demeurent aussi souvent sans réponse. «Au moins, mon fils sait que je suis là, tempère-t-il. Même s'il ne répond pas, j'ai semé quelque chose de positif dans sa journée. Il ne faut pas oublier que c'est nous, l'adulte. On voudrait tellement que nos enfants nous expriment de façon réciproque l'amour que l'on ressent pour eux, mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Ils sont en développement et l'important, c'est qu'ils sachent qu'on est là et qu'on a un amour inconditionnel pour eux.»

Il est donc tout à fait normal que nos jeunes lèvent les yeux au ciel en entendant: «Hey, j'ai trouvé une application qui a l'air chouette...» Rien n'est perdu pour autant, croit Jean-Michel Pelletier, un psychologue qui s'intéresse de près à la motivation et à l'utilisation de la technologie par les jeunes. «Si notre enfant réagit négativement à notre proposition, on peut en parler franchement avec lui: "Est-ce que tu te sens contrôlé si on utilise cette application-là?" Il se peut que la première réaction soit la frustration, mais que par la suite, il trouve que ç'a du sens», explique le psychologue.

Faire le bon choix

Jean-Michel Pelletier ajoute que toutes les applications ne sont pas une solution miracle aux aléas du quotidien. Bien au contraire.

«On ne peut pas dire que tout est correct. Oui, on utilise la technologie, mais on doit le faire dans le but d'augmenter les liens entre nous, d'augmenter le sentiment de compétence de chaque personne, ou d'augmenter l'autonomie de notre jeune.»

L'utilisation d'une technologie ne répond à aucun de ces trois besoins essentiels? Mieux vaut alors remettre en question son utilisation.

Évitons aussi d'imposer une application pour éviter les interactions qui font appel aux émotions, prévient le spécialiste. «Il faut se poser cette question: est-ce que j'utilise les applications pour gérer des trucs plus factuels comme "le souper est prêt" ou encore pour envoyer des demandes comme "fais ta chambre" ou "fais tes devoirs"? Ces demandes amènent une réaction plus émotive et elles devraient être faites en personne. Sinon, la technologie augmente le sentiment du jeune d'être contrôlé.»

Le psychologue insiste sur un point: la technologie devrait d'abord être au service des relations interpersonnelles. «Quand la communication est mauvaise depuis deux ou trois mois entre un jeune et ses parents, les parents vont avoir le réflexe normal d'être plus contrôlants, plus directs: "Là, c'est vraiment important que tu viennes souper maintenant." Par contre, en envoyant, par exemple, des photos du souper par texto pour l'inviter à se joindre à nous, ça favorise le lien et il y a plus de chances que ça se passe bien autour de la table!»

photo bertrand guay, archives agence france-presse

L'utilisation d'une technologie ne répond à aucun de ces trois besoins essentiels? Mieux vaut alors remettre en question son utilisation.

Pour vous faciliter la vie

Voici quelques applications qui pourraient rapidement devenir vos amies.

Gérer les écrans

Si vous n'en pouvez plus de dire aux enfants d'éteindre leurs téléphones, pour manger, se coucher ou se laver les dents, Our Pact est pour vous. L'appli permet en effet de bloquer sur les appareils choisis certaines fonctions, de gérer l'horaire d'utilisation, même de fermer le tout en direct. On aime bien son nom, mais on devine qu'il ne s'agit pas vraiment d'un pacte, même si un vrai de vrai contrat est proposé, à faire signer par l'enfant et le parent, histoire de discuter des éventuelles règles à respecter. Évidemment, tout cela fonctionne seulement si vous arrivez à mettre la main sur l'appareil de l'enfant pour installer l'appli, et tant que l'enfant n'a pas à son tour découvert comment la bloquer. La bonne nouvelle, c'est que si l'appli est effacée, vous en serez avisé! 

En anglais seulement. Certaines options gratuites.

https://ourpact.com/

Dans le même genre, Dinner Time permet aussi de bloquer les appareils à l'heure du souper, vous l'aurez deviné. En anglais.

https://www.dinnertimeapp.com/

Le réveil, les tâches et les devoirs

Quoi de plus difficile que réveiller un ado? L'application Alarmy propose trois options amusantes: prendre une photo, secouer le téléphone ou répondre à une équation mathématique, le tout pour se réveiller autrement.

Gratuit. En anglais seulement.

https://alar.my/

Une fois la question du réveil réglée, vous souhaitez partager les tâches en famille? Demander à votre aîné de ramasser du lait ? Wunderlist propose de gérer vos listes (épicerie, tâches, etc.), mais surtout un partage familial desdites listes.

Gratuit. Offert en français.

https://www.wunderlist.com/fr/

Enfin, si l'heure des devoirs est un combat, et que vous soupçonnez vos enfants de jouer sur leurs tablettes au lieu de finir leurs activités de Netmath, voici une dernière astuce à tester: Accès guidé, une option dans les iPhone et iPad, laquelle permet de limiter l'utilisation du téléphone à une seule application pour un temps déterminé. 

Se désintoxiquer pour une bonne cause

Vous en avez probablement entendu parler: Forest est cette application qui promet de planter des arbres (oui, des vrais) si vous vous engagez à déposer votre téléphone et surtout ne plus y toucher pendant un temps donné. Idéal et motivant si vous avez un (ou deux ou trois) ado (ou adulte) procrastinateur sous votre toit, qui a tendance à perdre son temps sur Instagram au lieu de réviser son histoire du Canada ou de vider le lave-vaisselle. Parce qu'à l'écran, un petit arbre grandit, littéralement, tant et aussi longtemps que vous ne touchez pas l'appareil. Lorsque vous avez accumulé assez d'arbres, vous pouvez les échanger, et l'organisme Trees for the Future s'occupera d'en planter. À ce jour, cette appli (qui a reçu 4 étoiles de Common Sense Media, OSBL américain spécialisé dans l'éducation aux médias) a permis de planter plus de 200 000 arbres. 

1,99 $US pour la version «Premium» qui permet de planter des arbres. En anglais.

https://www.forestapp.cc/en/

capture d'écran

Si vous n'en pouvez plus de dire aux enfants d'éteindre leurs téléphones, pour manger, se coucher ou se laver les dents, Our Pact est pour vous. L'appli permet en effet de bloquer sur les appareils choisis certaines fonctions, de gérer l'horaire d'utilisation, même de fermer le tout en direct.

Se déplacer

En grandissant, les enfants gagnent en autonomie, et bien souvent, l'enjeu devient le déplacement. Comme on n'est pas toujours en mesure de les amener partout, et que parfois, il est trop tard pour aller les chercher (parce qu'on a une vie aussi, ou qu'on dort, tout simplement), les applis de taxis sont franchement pratiques. Gratuites, que vous choisissiez Diamond, Téo ou Uber, particulièrement populaire auprès des jeunes. Comme l'appli nécessite évidemment une carte de crédit, il est ici possible pour l'enfant de se créer un compte avec le code d'utilisateur et le mot de passe de son parent. L'avantage? Une fois le taxi appelé, puis arrivé à destination, le parent reçoit une notification. Vous avez tout compris: vous pourrez enfin dormir sur vos deux oreilles.

https://taxidiamond.com/

https://teo.taxi

https://www.uber.com/fr-CA/ride/

Se comprendre

C'est une question classique que se posent les femmes toute leur vie, et tout particulièrement à l'adolescence: est-ce que je vais être menstruée? Quand est-ce que je vais être menstruée? Et si je suis menstruée? Une foule d'applications permettent désormais de répondre à ces grandes questions, en suivant le cycle menstruel, en plus de comprendre pourquoi on est tout à coup irritable, fatiguée ou affamée. Qui dit mieux? On pense ici à Clue (qui offre en prime une foule d'info sur des sujets précis, la pilule, ses effets, etc.) et à Flo (qui permet de faire toutes sortes de graphiques pour analyser sommeil, consommation d'eau, etc.).

Gratuites, en anglais seulement.

https://helloclue.com/

https://flo.health/

Prudence au volant

La gestion des écrans au volant n'est pas une option: c'est une question non seulement de légalité, mais surtout de sécurité. Qu'on commence ses cours de conduite ou qu'on soit un conducteur averti, tous auraient intérêt à connaître cette appli, question de ne pas céder à la tentation. Développée par la Société de l'assurance automobile du Québec, Mode conduite permet de bloquer les appels et textos en conduisant, en plus d'offrir une réponse automatique choisie. Une des dernières mises à jour d'IOS permet une option similaire sur iPhone: le mode «Ne pas déranger pendant la conduite» (dans les «Réglages», sous-section «Ne pas déranger») est activé automatiquement, dès que la voiture se met en route.

Sur Android seulement.

https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.qc.gouv.saaq.drive_safe

Propager le bonheur

L'application TBH (To be Honest), récemment rachetée par Facebook, a fait beaucoup jaser et a attiré l'attention de tous les médias, même si elle n'est offerte que dans une trentaine d'États américains pour l'instant. Pour cause: anonyme, cette appli est en fait une machine à compliments. Comment? L'utilisateur reçoit une question (qui a le plus beau sourire, qui inviterais-tu à une fête) et un choix de noms, tirés au hasard dans ses contacts. L'heureux élu reçoit ensuite le compliment, sans jamais savoir de qui il provient. Avec ses 6 millions d'utilisateurs, l'appli s'est rapidement imposée sur l'App Store. À quand une version québécoise?

https://itunes.apple.com/us/app/tbh/id1200014540?mt=8

capture d'écran

Les applis de taxis sont franchement pratiques. Gratuites, que vous choisissiez Diamond, Téo ou Uber, particulièrement populaire auprès des jeunes.