Partir vivre à l'étranger est le fantasme de bien des gens. Pour que le rêve ne gâche pas la réalité, la personne qui suit son amoureux ou son amoureuse à des questions à se poser, estime Chantal Lepire, conseillère en orientation.

QUI SUIS-JE SUR LE PLAN PROFESSIONNEL ?

L'enjeu principal d'une expérience migratoire est identitaire, selon Chantal Lepire. En particulier pour la personne qui suit l'autre et qui, souvent, n'a pas de projet précis dans le pays d'accueil. Elle doit donc se poser des tas de questions. « Est-elle engagée dans son boulot ? Est-ce qu'elle se projette dans l'avenir avec l'emploi qu'elle occupe, ou est-ce que sa vie professionnelle est à la croisée des chemins ? », demande la conseillère en orientation.

Pour faire un choix éclairé, il importe de déterminer quelle place le travail occupe dans sa vie et, le cas échéant, à quel point il donne un sens à notre vie. « L'identité professionnelle est proche de l'identité personnelle, remarque-t-elle. Ça forme un tout. »

QUEL EST LE CONTEXTE DE DÉPART ?

Est-ce que le départ est souhaité ou non ? Entre l'envie de partir et une occasion concrète, il y a un monde. Et ce n'est pas toujours le bon moment. Le départ est-il compatible avec les projets professionnels en cours ? Est-ce que le couple a des enfants ou souhaite en avoir ? « Est-ce qu'il y a des gens malades autour ? Des parents vieillissants ? ajoute Chantal Lepire. Ça aussi, ça peut être déchirant... »

QUE VAIS-JE FAIRE ?

La peur du « trou » dans le curriculum vitae n'est pas courante parmi les gens qui consultent Chantal Lepire. La conseillère en orientation fait d'ailleurs valoir qu'il y a plusieurs façons d'alimenter sa vie professionnelle : stages, études, bénévolat... Des activités qui ne sont pas nécessairement rémunérées, mais qui pourraient s'avérer un prolongement de la vie professionnelle d'une personne. « Des expériences dont la personne pourrait faire bénéficier son milieu de travail au retour », estime Chantal Lepire. Se trouver un boulot propre est aussi une option, bien sûr !

QUI FAIT QUOI ?

Quand l'un des deux partenaires a une offre d'emploi à l'étranger, il devient en général le seul soutien financier - ou du moins le revenu principal - de la famille. Se sentir dépendant de son amoureuse ou de son amoureux n'est pas forcément simple à vivre lorsqu'on a appris à être indépendant. « Ce n'est pas vécu facilement. Il y a toute la question de l'ego », ajoute la conseillère en orientation.

Une personne amputée de sa vie professionnelle peut perdre un pouvoir d'action, de décision, de consommation et se sentir à la remorque de l'autre. « Je ne veux pas me transformer en thérapeute conjugale, dit Chantal Lepire. Il pourrait être intéressant que le couple parle de ces enjeux-là de manière très ouverte. »