Au Québec, 10% des jeunes qui fréquentent le secondaire ont des problèmes de consommation. Les parents ont leur mot à dire pour prévenir un éventuel problème de toxicomanie.

À l'invitation du comité de parents de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Geneviève Lefebvre, directrice générale du Centre québécois de lutte aux dépendances, donnera une conférence gratuite mercredi à l'école Marguerite-De Lajemmerais au sujet des problèmes de consommation « en émergence ou réels » chez les adolescents. Mais avant, elle a fait part à La Presse de quatre facteurs de protection que les parents peuvent mettre en place pour prévenir la toxicomanie.

Relation de qualité

« C'est la base de tout, dit Mme Lefebvre. Si on ne garde pas une relation de qualité avec notre adolescent, c'est-à-dire une relation où il y a de l'amour, de l'affection et où on s'intéresse à lui, c'est très difficile d'établir les autres facteurs de protection familiale. Si on compare les facteurs de protection à des poupées russes, avoir une relation de qualité, c'est la plus grosse poupée, celle qui contient les autres. »

Évidemment, ça peut être un défi quand l'enfant grandit. « L'adolescence se veut un moment où le jeune va être en quête d'identité, où il va essayer de challenger certaines valeurs familiales, reconnaît l'experte, qui compte 23 ans d'expérience dans la lutte contre les dépendances. Mais il faut garder une proximité émotionnelle. »

Communication efficace

« Les parents doivent avoir un rôle proactif et nommer ce qui est clairement acceptable ou pas dans leur famille, indique Mme Lefebvre. Est-ce que c'est permis, pour leur adolescent, de boire de l'alcool ? Fumer un joint à 17 ans, c'est adéquat ? Il faut qu'ils se posent ces questions. »

Pour être efficace, la communication doit fonctionner dans les deux sens. « Le parent doit être ouvert à entendre ce que le jeune a à dire, même si ça ne fait pas toujours son affaire, conseille la criminologue de formation. Il faut être ouvert à davantage de négociation, tout en disant quelles sont nos valeurs. »

Discipline gagnant-gagnant

Le parent d'un jeune enfant est souvent directif. « À l'adolescence, il faut qu'il y ait un transfert dans le style disciplinaire, qui doit devenir gagnant-gagnant, estime Mme Lefebvre. Le parent garde son rôle de parent, en disant ce qui est acceptable ou pas. Il y a des choses qui sont non négociables. Mais il faut que le parent soit prêt à négocier d'autres choses, qui ne mettent pas le jeune à risque. Autant le parent que le jeune doivent sentir qu'il y a des raisons derrière les règles, qu'on les comprend et qu'ensemble, on en arrive à un certain compromis. »

Bonnes stratégies de résolution de conflits

« Le conflit, dans une famille, c'est inévitable, tranche Mme Lefebvre. On a à se positionner, à protéger notre enfant en disant : "Tu ne peux pas faire ça." »

Est-ce inquiétant ? « Ce qu'on voit en recherche, c'est que ce n'est pas le nombre de petits conflits qui est grave, indique l'experte. C'est davantage l'empreinte émotionnelle que peut causer un conflit. Si on commence à traiter le jeune de tous les noms, si on le rabaisse, si ça cause un impact émotionnel négatif chez lui, on le met à risque de développer un problème de consommation. »

Il y a de bonnes façons de gérer les conflits. « À un moment donné, il faut lâcher prise sur certaines choses, recommande Mme Lefebvre. Il faut regarder ce qui est le plus important, et gérer les conflits de manière à ne jamais blesser l'enfant. Ça, c'est une règle non négociable. »

Peut-on laisser les ados boire de l'alcool?

« Considérant que l'alcool peut nuire au développement du cerveau et du corps, les jeunes devraient retarder l'âge de leur première consommation d'alcool, idéalement après l'âge adulte, répond Geneviève Lefebvre. S'ils décident de boire de l'alcool, ils devraient le faire en suivant les directives de consommation à faible risque : une à deux consommations, une à deux fois par semaine, sous supervision parentale. »

Visitez le site de la CSDM pour plus d'information sur la conférence.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Geneviève Lefebvre, directrice générale du Centre québécois de lutte aux dépendances.