Scénariste et auteur (Les Parent, Polytechnique)

Père de trois adolescents de 13, 15 et 17 ans, Jacques Davidts n'est jamais plus heureux qu'en famille. Il a un horaire atypique, mais a toujours organisé sa carrière en fonction de ses enfants. «Nous avons placé nos enfants au centre et la carrière autour. On a toujours fait en sorte que nos horaires fonctionnent selon celui des enfants. Ça demande quelques sacrifices de carrière.»

Même lorsqu'il travaillait en publicité, il quittait les réunions à 17 h pour aller à la garderie. Bien entendu, on le regardait de travers. «Tu finis par perdre des contrats. En pub, le client n'attend pas.» Combien de fois lui a-t-on dit: «t'as pas une femme pour s'occuper de tes enfants? » Parmi ses collègues, tous étaient séparés. Pas lui. Et puis, le temps consacré aux enfants paie aujourd'hui. «Mes enfants se sentent en sécurité, ils ont énormément de vivacité, ils ne se sentent pas dans un étau. On a appris à vivre ensemble, parce qu'on a été là tout le temps.»

Jacques Davidts se désole néanmoins de l'état de la famille actuelle. «On valorise le terme de mère et de père, mais pas le terme de parents au sens traditionnel: un père et une mère présents. Aujourd'hui, le couple est plus fort que tout, l'amour a suppléé la famille. Tu n'aimes plus, tu t'en vas. Les enfants ne sont plus un gage de longévité du couple, au contraire. Je pense que s'il y a tant de violence c'est dû à l'éclatement de la famille.»

La famille actuelle, c'est «un noyau en constante évolution, on choisit notre famille». Ça n'a pas que du bon, souligne-t-il. «Je pense que les familles monoparentales sont moins névrotiques, plus simples, mais plus dommageables sur plusieurs plans.»

Pour qu'il y ait un réel sens de la famille, il est d'avis que les enfants doivent être plus nombreux que les parents. «Ça prend une certaine anarchie, un bordel. Il faut accepter de ne pas tout contrôler. Aujourd'hui, on fait peu d'enfants et on a peur de tout. Personne ne laisse partir ses enfants sans un GPS ou un téléphone cellulaire dans les poches.»

Être parent, c'est quoi? «C'est mettre des balises. En autant qu'ils soient heureux, ils peuvent faire ce qu'ils veulent à l'intérieur d'un cadre de valeurs, un cadre qui bouge. L'amour de soi est une valeur que je souhaite transmettre: une fois qu'on a ça, le reste suit.»

Quand il se couche le soir et qu'il ignore où sont ses enfants, il n'est pas inquiet. «Je sais qu'ils savent se débrouiller, qu'ils auront toujours un endroit et deux personnes sur qui ils peuvent compter. Même à 15 et 17 ans, ils m'embrassent encore, ils me parlent de tout.»  Mon rêve? «Qu'ils m'embrassent encore longtemps.»