À un moment où tout le monde parle beaucoup d'intimidation, arrive en librairie un nouveau livre sur la question: Non à l'intimidation, j'apprends à m'affirmer.

Son auteure, la coach familiale Nancy Doyon donne des conférences partout au Canada sur l'intimidation, depuis une dizaine d'années déjà. Et en a long à dire sur le sujet. Car il est temps d'agir, dit-elle. Agir pour vrai. «Bien qu'on soit de plus en plus sensibilisé à la question, je constate que sur le terrain, il ne se passe pas grand-chose», déplore-t-elle.

L'action devrait cibler trois groupes, dit-elle: les intimidateurs, les témoins et les victimes. Attention, ses suggestions ne sont pas nécessairement politiquement correctes. Mais reste qu'elles relèvent du gros bon sens. Surtout, elles ont fait leurs preuves, explique Nancy Doyon qui s'intéresse à la question depuis 20 ans.

En ce qui a trait aux intimidateurs, il faudrait aller au-delà de la réprimande ou de la simple suspension. «Il faut assurer un suivi après, dit-elle. Sinon, avec les années, les intimidateurs se raffinent.» Comment faire ce suivi? En assurant une surveillance de l'intimidateur. Objectif: «démanteler la meute d'intimidateurs», dans le but, de cibler le «chef de meute» pour pouvoir travailler avec lui.

En deuxième lieu, il faut donner des outils aux «témoins» de l'intimidation, pour qu'ils se sentent à l'aise, et ne tombent pas dans le jeu des intimidateurs. «À la maison, les parents doivent sensibiliser leurs enfants: quand ils ne sont pas d'accord avec quelque chose, ils peuvent prendre position.»

Enfin, il faut évidemment cibler les victimes. «Je préfère parler des intimidés», un terme moins permanent, juge Mme Doyon. Et c'est ici que son discours peut surprendre. Car, selon elle, il ne suffit pas de les protéger. Il faut plutôt leur apprendre à se défendre. À prendre leur place. Eh oui, cela peut vouloir dire lever le ton, et parfois, carrément utiliser la force. «Or, malheureusement, dans notre société, on enseigne beaucoup aux enfants à être gentils. C'est plate, mais les enfants trop gentils deviennent de belles cibles.»

Selon elle, cet apprentissage de l'affirmation de soi doit commencer dans les familles («Non, il ne faut pas toujours être gentil-gentil avec ton frère et te laisser faire»), à la garderie («C'est correct de lever le ton pour s'affirmer») et évidemment à l'école. «Il faudrait monter des groupes sur le développement des habiletés sociales et sur l'affirmation de soi», rêve-t-elle.

En bout de piste, il faut enseigner à l'intimidé à trouver son intimidateur «pathétique»: «C'est ce qui va enlever tout son pouvoir à l'intimidateur», conclut Nancy Doyon.

Une stratégie qui, évidemment, prend du temps. À méditer...

Non à l'intimidation, j'apprends à m'affirmer, de Nancy Doyon, éd. Midi trente, 112 p., 14,95$