Mais à quoi servent les notes? S'il faut en croire les adeptes de la déscolarisation, la réponse est simple: à rien.

Leur philosophie, basée sur l'auto-apprentissage, sans contrainte ni programme, rejette aussi les examens et les bulletins. La rigidité de l'école et les évaluations régulières sont perçues comme improductives, incitant les élèves à apprendre non plus par curiosité, mais pour exceller. Si les élèves échouent, dit-on, c'est finalement parce qu'ils n'apprennent plus pour les bonnes raisons.

Prenez l'exemple de Carlo Ricci. Il n'a jamais aimé l'école. Jamais. Mauvais élève, il n'a d'ailleurs pas été capable d'entrer à l'université après son secondaire. Il a donc préféré voyager. Un an plus tard, désormais déterminé, il s'est inscrit dans une filière technique bidon et a excellé. Armé d'un dossier cette fois béton, il s'est alors réinscrit à l'université. A fait deux bacs. Une maîtrise et un doctorat plus tard (achevés chacun, à la stupéfaction générale, en un an à peine), il enseigne aujourd'hui à la maîtrise, en éducation, à l'Université de Nipissing, en Ontario.

Pourtant, au secondaire, ses profs ne donnaient pas cher de son avenir. «Non, les écoles ne connaissent pas le potentiel de leurs élèves!» déplore-t-il.

Aujourd'hui, Carlo Ricci est l'un des rares (voire le seul) à enseigner l'éducation alternative dans un programme de sciences de l'éducation au pays. Dans le milieu, c'est une référence. «Et tout ce que j'ai appris sur la question, je l'ai appris tout seul. Il n'y a pas un cours en éducation à l'université qui se consacre à l'éducation à domicile, à la déscolarisation, à John Holt.»

Aujourd'hui père de deux enfants, il met enfin en pratique sa philosophie: son aînée va à l'école («parce que c'est son choix»), mais pas sa cadette, qui a préféré apprendre à son rythme, à la maison. «Moi, je prône le respect de l'enfant et la confiance. Alors c'est ce que je fais avec mes filles. Je les accompagne dans leurs choix.»